Arrêté royal du 14 mars 1843 concernant les mesures de salubrité pour les émigrants
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the Civil War
 
Belgians in America        links 

    

 Sources 

EMIGRANTS ARRIVAL: REGULATIONS AND LEGISLATION
 

Arrivals in U.S. ports :
Emigrants ships manifests
from 1820 to 1870
Testimonies and Complaints :
Documents related to the emigration
 
Belgian regulations and legislation
at various dates
concerning ships & passengers


Emigrants
arrival

ARRETES ROYAUX
&
MINISTERIELS
EN
BELGIQUE

14/03/1843
A.R. relatif à
l'embarquement
 des émigrantsétrangers


Avril 1850
constitution des
rations alimentaires

10/05/1850
A.R. qui
 institue un
comité pour les émigrants

modifié par
A.R. du 28/12/50

29/03/1855
révision des arrêtés des
10/05/50 &
12/07/52

23/02/1859
modif. art. 13
de l'A.R. du10/05/50

23/10/1861
extension de l'
A.R. 10/05/50

4/11/1859
une visite à
Castel Garden

Ambassadeurs
Consuls &
Agents d'émigration

 

 

Numbers of Emigrant Passenger Vessels 
from 1855 (year of the opening of the Landing-Dépôt at Castle Garden) to 1860

year

1855 1856 1857 1858 1859 1860
from Antwerp 21 33

48

19 15 14
total 488 580 657 451 487 483

 

Une visite à Castel Garden  

A son excellence Monsieur le Baron A de Vrière, Ministre des Affaires Etrangères,

New York, 4 Novembre 1859.

Castel Garden, commissariat des Immigrants.

Monsieur le Baron,

j'ai visité aujourd'hui Castel-garden dans tous ses détails (Castel garden a été un fort, puis un théâtre et enfin a été donné par l'Etat aux Commissaires de l'immigration).

Sachant que cette institution charitable a été l'objet de quelques critiques en Belgique à propos desquelles Votre Excellence a demandé un rapport à Monsr Mali, rapport qui nécessite une enquête, j'espère, en attendant le travail de Monsr le Consul général, que vous ne lirez pas sans intérêt, Monsieur le Baron, le résumé rapide de mes observations :

Castel garden existe en vertu d'une loi de l'Etat, tout Immigrant doit y passer, que cela soit bien ou mal, on ne peut l'en affranchir.

Cette institution a été créée dans l'unique intérêt des Immigrants, pour les sauver de l'exploitation et des friponneries d'une foule de misérables qui vivaient aus dépens de l'inexpérience et de la simplicité de ces pauvres gens. C'est donc une œuvre d'humanité et à l'exception d'un fort petit nombre d'Employés, les fonctions sont gratuites et acceptéers par les hommes les plus honorables et les mieux posés sous tous les rapports et qui accomplissent leur mission philanthropique avec une ponctualité et un dévouement dont on trouverait peu d'exemples sur le continent d'Europe.

Les ressources de Castel garden sont celles de l'Etat qui doit combler les déficits, mais ses dépenses sont à près couvertes par le droit de deux dollars (f. 10,40) par tête, perçus à son bénéfice sur chaque passager arrivant à New York d'Europe. En vertu de la loi, tout propriétaire de navire débarquant des passagers, demeurait responsable envers l'Etat pendant cinq ans, en cas de maladie ou d'indigence de ces individus, mais les Commissaires de l'Immigration ont été autorisés à accepter, en retour de cette longue responsabilité, un droit à forfait de 2 D; par tête. Il y a cependant une exception pour les cas de maladie chronique constatée, pour les femmes enceintes qui n'ont point leur mari, pour les enfants en dessous de 13 ans qui n'ont pas leur père et pour les vieillards des deux sexes qui ont plus de 60 ans. Dans ce cas il est exigé, du propriétaire du navire, un engagement conditionnel, qui n'est prescriptible que par cinq années, de 500 $ par tête. Les commissaires ont cependant admis une transaction en faveur des femmes enceintes qu'ils acceptent moyennant la somme, une fois payée, de 50 $.

Voici, Monsieur le Baron, comment procède l'administration de Castel garden dans sa sollicitude pour les Immigrants; - J'ai assisté à l'arrivée d'un navire qui en amenait un grand nombre :

A. un bateau à vapeur va les chercher à bord et les transporte gratuitement à terre avec leurs bagages;

B. S'ils ont quelques difficultés avec le capitaine du navire ou autre personne, il y a toujours un Commissaire ou un Délégué honorable et expérimenté qui se constitue gratuitement leur protecteur et leur avocat.

C. Pendant cette petite traversée et en débarquant, des employés font reconnaître leurs bagages aux passagers et chaque colis est muni d'une plaque en cuivre attachée par une courroie en cuir, cette plaque porte un numéro et une semblable est remise au propriétaire pour lui servir de reçu et il n'a plus besoin dès lors de s'occuper de ses effets;

D. Les passagers passent d'abord dans une première salle ou un médecin en fait une courte inspection, écrit leurs noms et ce qui sous ce rapport peut intéresser l'institution. En cas de maladie grave plusieurs chambres sont toujours prêtres pour recevoir les malades en attendant qu'on les puisse transporter à l'hopital:

E. De l'inspection sanitaire les passagers sont conduits à un bureau que j'appellerai d'enregistrement et de police où on les inscrit de nouveau en prenant note de leur destination, de leurs moyens d'existence, etc.

F. Vient ensuite le bureau des renseignements où l'on délivre aux émigrants les lettres, les avis, l'argent, les adresses qui pourraient y avoir été déposés pour eux. On répond à toutes leurs questions, non verbalement mais par écrit pour éviter les confusions ou un défaut de mémoire, - Ce qui engage du reste la responsabilité de l'employé; - Il y a des Drogmans attachés à l'administration qui parlent toutes les langues.

G. Toutes les administrations de chemin de fer et de bateaux à vapeur ont un employé en permanence à Castel garden, pour prendre inscription et délivrer des billets de passage pour l'intérieur. Les Commissaires d'immigration leur ont imposé la charge de marquer les colis, ce qui se fait avec beaucoup de soin, de les peser et de les transporter avec leurs propriétaires à la voiture ou au bateau choisi par l'Immigrant, qui peut se borner à délivrer ses plaques en cuivre numérotées contre un reçu et il n'a plus besoin de s'occuper de son bagage dont l'administration est responsable jusqu'au lieu de sa destination.

H. Le bureau des bagages à des livres à souche de toutes les administrations de transport, une étiquette est collée sur chaque colis qui porte un n° d'ordre spécial et le nombre des colis appartenant à la même personne, la destination et la voie de transport choisie. Ici comme ailleurs un bulletin imprimé est remis à l'Immigrant, qui contient tous ces détails, avec le poids total, ce qui lui est alloué et ce qu'il doit payer pour le surplus.

I. Pour ceux qui ne partent pas immédiatement (j'ai dit que pour les malades il y a des chambres préparées), le magasin des bagages qui est immense est divisé en nombreux compartiments dont chacun contient 100 n°, de 1 à 100, de 101 à 200 Etc. - de manière à pouvoir immédiatement mettre la main sur un colis réclamé.

J. La visite douanière qui se fait largement à Castel garden, se confond avec le pesage et le marquetage des effets;

K. L'Immigrant, s'il veut rester à New York, reçoit non seulement les renseignements mais les conseils qui peuvent lui être utiles. Des agents de police, toujours présents, veillent à ce qu'il ne tombe point entre les mains de spéculateurs de bas étage qui longtemps ont constitué le plus sérieux danger en arrivant en Amérique;

L. Ceux des Emigrants qui n'ont point de ressources ou qui, par économie, ou par crainte de se perdre dans une grande ville inconnue, désirent rester à Castel garden, y trouvent un logement propre, sain et bien chauffé en hiver; cela ne coûte rien et ils ont de plus la jouissance d'une cuisine et d'un feu pour y cuire leurs aliments. - L'administration y a établi un comptoir qui livre, à des prix très bas, du pain, de la viande et du lait de première qualité. Ce comptoir est également très utile pour les provisions de voyages de ceux qui partent.

M. Tout Immigrant admis, a, pendant 5 ans, en cas de maladie, le droit d'entrer et de rester à l'hôpital;

un bureau de placement est établi à Castel garden sous l'inspection des commissaires - c'est là d'ordinaire que s'adressent les propriétaires de l'Intérieur et de la ville qui ont besoin d'ouvriers ou de domestiques. Cette considération est d'une grande valeur pour la plus grande partie de ces pauvres débarqués qui se trouvent sans moyens d'existence dans un pays inconnu dont ils ignorent souvent la langue.

Toutes les formalités que je viens d'énumérer se sont accomplies sous mes yeux en moins de 3 heures pour environ 100 immigrants. Il y avait des vieillards et des enfants mais point de malades.

On peut se demander si une spéculation particulière si habile et si humaine qu'elle puisse être, pourrait réaliser quelque chose de ce généreux programme avec les 2 $ par tête que reçoit Castel garden ? et la réponse ne paraît pas douteuse. Du reste, si un immigrant veut songer à lui-même ou se confier à un autre intermédiaire, il est parfaitement libre et il n'aura passé à Castel garden que pour être mis à terre commodément, promptement et gratuitement. Il semble qu'il n'y a rien là dont il puisse avoir à se plaindre.

Toute cette administration de Castel garden, Monsieur le Baron, est peut-être le plus admirable exemple de ce que peut l'esprit pratique et expéditif des américains, qu'elle ait soulevé la plainte et la colère d'une foule de petits industriels qui vivaient des pauvres Emigrants, cela se conçoit aisément et nous pouvons je crois nous dispenser de compatir à leurs chagrins, mais cela peut suffire pour prouver que Castel garden est une institution bienfaisante qui a réalisé le charitable espoir de ses généreux fondateurs.

Je n'ai pas lu, Monsieur le Baron, la dépêche que Votre Excellence a adressée à Mr Mali, mais si j'ai bien compris il serait à craindre qu'un blâme public fut exprimé et cela ne me permet point de retarder d'une heure l'expédition de cette lettre, car, outre que ce blâme serait injuste, qu'il attaquerait une des œuvres les plus pures et les plus respectées des Etats-Unis, il exercerait une influence fâcheuse dont les Immigrants venant de Belgique pourraient être victimes. De plus il s'agit d'une institution de l'Etat et s'il y avait quelque chose d'officiel sans l'expression d'un blâme, il faudrait s'attendre à une demande d'explication de la part du gouvernement fédéral.

Je ne connais Castel garden, Monsieur le Baron, que par l'opinion publique et par la visite dont je viens d'avoir l'honneur de vous rendre compte. Je ne puis donc garantir qu'il n'y ait eu et qu'il n'y ait encore des abus, mais en ce cas même Castel garden serait encore à mes yeux une institution précieuse et utile qu'on peut peut-être perfectionner mais qu'il faut accepter avec reconnaissance.

Veuillez agréer, je vous prie, Monsieur le Baron, l'assurance de ma considération la plus haute,

Blondel van Cuelebroeck