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Essai d'émigration et de colonisation
d'indigents flamands à
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De délais en délais, l'accord avec les
propriétaires des terrains en Pennsylvanie est prolongé. Des lettres de
Beleke aux R.P. Rédemptoristes l'attestent :
Lettre de Mr Beleke au R. P. Pilat, du 22 avril 1849. Emmitsburg, Maryland, Comme vous le savez, j'ai visité l'année dernière la Belgique pour l'affaire de la Colonie Catholique de Ste Marie. Les nombreuses lettres de recommandation de la part des Évêques et du Gouvernement de l'Amérique ont fait impression sur le Gouvernement Belge. Un contrat dont la teneur vous est connue fut conclu entre moi et le ministre Rogier, et Mr DeHam fut envoyé pour s'assurer de la situation, du climat et des espérances que présente la Colonie. Mais comme quelques changements avaient eu lieu dans le premier contrat, ces modifications ont eu besoin de l'approbation du Gouvernement belge, ce qui n'a pas encore eu lieu. Il faut cependant une déclaration définitive avant le 1er juin. Non seulement les propriétaires de la Colonie et les Pères de votre méritante Compagnie, mais aussi tous les Colons en attendent avec le plus grand empressement le résultat. Beaucoup de prières se font aussi à cette fin. Si le contrat avec le Gouvernement belge se réalise, Ste Marie deviendra une des plus florissantes colonies des Etats-Unis. Des villages et des villes avec Églises & Écoles s'élèveront et attireront des Capitalistes qui établiront des usines et des fabriques et par là, le bonheur des pauvres sera consolidé. Il n'y a pas de contrée ou la nature fait plus que dans la colonie de Ste Marie. Le sol est fertile et riche en minerais et houille, le bois est d'excellente qualité, des fleuves, des rivières, de l'eau la plus pure, traversent la colonie et le climat est très salubre. L'année prochaine, le siège du gouvernement du comté sera transféré à Ste Marie et déjà bientôt, la colonie doit être mise en rapport avec le chemin de fer de New York par une route de planches (plankroad), cela fait, les produits de toute espèce pourraient être vendus au plus haut prix et mille occasions s'offriront aux pauvres de faire leur bonheur. Nulle part le service divin et les écoles ne sont mieux soignés. Est ce que le gouvernement belge sait tout cela ? Es-ce qu'il sait que les terres qu'on donne pour ainsi dire pour rien aux flamands, monteront par l'accroissement de la population, ici comme ailleurs, aux plus hauts prix et que le commerce belge gagnera considérablement par cette colonisation. J'espère mon révérend Père que par votre grande influence vous appuierez cette oeuvre chrétienne de suite et de votre mieux. Lettre du R. P. Heilig au R. P. Pilat, du 5 juin 1849 Liège, Les lettre de Mr Beleke et le silence de l'envoyé belge De Ham me sont très suspects. Pourquoi le Professeur s'adresse-t-il à votre Révérend et non aux Pères de Baltimore, où il reste lui-même. Le P. Bernari ne m'en a pas écrit un seul mot, ce qui me fait soupçonner que les M. Benzinger, Eschbach & Beleke jouent à l'ombre. Votre Révérence fera donc bien d'exprimer à Mr Beleke votre étonnement à ce sujet. Lettre de Mr Deham au R. P. Heilig, du 17 juillet 1849 Bruxelles, Vous n'ignorez pas que depuis quelques temps un projet de Colonisation d'indigents flamants aux Etats-Unis s'agite au Ministère de l'intérieur et même, chose dont je dois ici vous exprimer toute ma gratitude, vous avez bien voulu écrire l'an passé aux maisons de Votre Ordre en Amérique de me faciliter la Mission que j'étais allé remplir à Ste Marie. Après diverses phases et difficultés, ce projet parait sur le point d'être arrêté d'après les bases suivantes, que je prends la respectueuse confiance de vous communiquer confidentiellement, en invoquant, mon très révérend Père, votre puissant concours pour le soutien de cette entreprise. Ce n'est pas que le projet soit arrêté définitivement, la décision ne sera prise que dans quelques jours, mais j'apprends du Révérend Père Pilat que vous êtes sur le point de vous absenter, et je prends dès lors la liberté de vous écrire éventuellement; afin que je puise savoir, si je serais assez heureux pour pouvoir compter sur la coopération de votre Ordre dans cette oeuvre d'humanité. Notre gouvernement, effrayé de la dépense à laquelle l'aurait entraîné l'émigration de plusieurs milliers d'individus et dégoûté d'ailleurs par le rapport très défavorable qu'a cru devoir faire sur Ste Marie le commissaire qui m'avait été adjoint pour visiter cette Colonie, allait abandonner l'entreprise, lorsque par suite de la confiance que la Providence a daigné lui inspirer pour mon caractère, il a consenti, ou tout au moins parait disposé à consentir très prochainement, à me donner à moi personnellement les moyens nécessaires pour faire à titre d'essais et sur une petite échelle, une entreprise de colonisation. Il est nécessaire, mon très Révérend Père, que je vous fasse connaître les conditions que je m'engage de remplir envers le Gouvernement et envers les malheureux, dont je voudrais améliorer le sort, tout en faisant une chose quelque peu profitable pour ma famille. Il est nécessaire en effet que vous puissiez juger si ce plan contient assez d'éléments de succès pour mériter votre approbation et votre concours. J'achèterais de suite une grande quantité de terrain à deux lieues de Ste Marie, dans un endroit fertile et bien situé. Je m'engage à partir avant l'hiver et à emmener 50 personnes réparties en famille de 4 à 5 individus. Le Gouvernement paierait la traversée. Depuis leur débarquement à New York, je me charge de leur sort, je les transporte à Ste Marie, je mets à la disposition de chaque chef de famille 25 acres de terre, les matériaux dont ils ont besoin pour la construction d'une loghouse, une vache, un porc, des semailles, quelques meubles, les instruments de culture, enfin je leur donne la subsistance jusqu'à la prochaine récolte. Les colons me rembourseront, moitié en journée de travail, à raison de deux par semaine, moitié en denrées ou en argent, lorsque leur position sera assez consolidée pour qu'ils le faire(sic) avec facilité. En outre je recevrai chaque année pendant 6 ou 8 ans, au moins cinquante autres colons à qui je donnerai la même assistance. Le nombre pourra s'augmenter de celui des personnes jouissant de quelques ressources, que mon exemple et mes conseils pourront déterminer à s'établir dans la colonie. Voila mon très révérend Père, pour le temporel. Voici pour le spirituel, je m'engagerai à faire tous mes efforts pour bâtir endéans la première année une Église et un presbytère en bois. J'établirai de suite une scierie et fournirai gratuitement l'emplacement, les planches et la charpente. J'espère que des facilités faites en Belgique et en Amérique et le concours de la Société pour la propagation de la foi, m'aideront à faire le reste. Je donnerai en outre une dotation de 20 acres pour les besoins de l'Église et du Prêtre et dès que les colons pourront le faire, nul doute qu'ils ne contribuent dans les besoins, suivant leurs moyens et la coutume du pays. Voilà, mon très révérend Père, l'exposition abrégée de mon plan. Il laisse à chacun le bénéfice de son énergie individuelle tout en lui assurant pour les commencements toute l'assistance dont il a raisonnablement besoin. Voilà aussi tout ce qu'il m'est possible de faire, avec les très faibles moyens dont je disposerai, pour les besoins religieux de la colonie. je viens donc vous demander de bien vouloir consentir à ce qu'un Prêtre de votre Ordre, sachant le flamand, soit spécialement affecté au service de notre future Église de Ste Marie, où tous les colons pourront se rendre le dimanche pour assister aux offices et profiter des instructions religieuses. Je ne vous demande qu'une réponse éventuelle à une question éventuelle, et j'ai la confiance que le bon Dieu et la très Sainte Vierge béniront notre entreprise en permettant que nous puissions compter d'abord sur l'ordre du Très Saint Rédempteur. Les difficultés que j'aurai à vaincre sont grandes, je redoute pour la première année que le découragement, les dégoûts, la nostalgie ne s'emparent parfois de nos colons; mais encouragés par la parole consolante du Ministère de Dieu, retenus ensemble par le lien religieux, pour la communauté de religion, de moeurs et de buts, j'espère avec une grande confiance qu'ils traverseront sans trop de difficultés cette première crise. Je ne terminerai pas sans appeler de toutes mes forces les prières de vos religieux en faveur de cette oeuvre. Quelles fassent en quelque sorte violence au Ciel pour qu'il nous soit permis de réussir. Agréer, je vous prie, mon très révérend Père, mes respects très profonds. Le 27 juillet 1849, le Ministre de l'Intérieur, Charles Rogier notifie les propriétaires de la colonie de Sainte Marie, de la renonciation du Gouvernement car, impressionné par l'intérêt porté par Victor DeHam à l'établissement d'une colonie, il conclu un nouveau contrat : Victor DeHam reprendra l'affaire à son compte, quittera son poste au Ministère de l'Intérieur et s'engagera à aller s'établir avec sa famille dans la nouvelle colonie. Monsieur Charles Rogier, Ministre de l'Intérieur, désirant encourager un essai d'émigration et de colonisation d'indigents flamands dans la Pennsylvanie, Etats-Unis de l'Amérique du Nord; Il a été convenu entre eux ce qui suit : Mr Victor DeHam s'oblige à accomplir les conditions suivantes : De son côté, Monsieur le Ministre s'engage : Ainsi conclu de bonne foi le vingt huit juillet dix huit cent quarante neuf.
Le Ministre de l'Intérieur Ch. Rogier Le contrat signé avec le Gouvernement, Victor DeHam s'adresse à nouveau aux Pères Rédemptoristes pour avoir leur soutient. Lettre de Mr Deham au R. P. Heilig, du 3 août 1849 Uccle Je suis honoré de votre lettre du 3 de ce mois, datée de Londres et crois indispensable de vous informer des diverses circonstances importantes qui se sont produites depuis la date de ma dernière du 17 juillet. En premier lieu, ce qui n'était qu'une éventualité alors est passé maintenant à l'état de certitude positive. Les arrangements sont pris avec Monsieur le Ministre et Sa Majesté a daigné les approuver. En second lieu, j'ai eu le grand honneur d'être admis à développer mon plan en présence de Monseigneur le Cardinal Archevêque et de Monseigneurs le Cardinal Archevêque (Stercke) et de Messeigneurs de Gand (Delebiege) et deBruges (Melou). Je suis resté une heure entière en conférence avec ces illustres prélats et il en est résulté, qu'à ma demande; ils ont bien voulu autoriser confidentiellement les Curés de quelques communes des Flandres, où je dois me rendre, à me donner des renseignements sur la moralité de ceux qui demanderont à me suivre. Meseigneurs m'ont d'ailleurs bien voulu promettre que si l'an prochain, le colonie est établie sur un pied convenable, ils m'accorderont une protection ostensible et active à l'effet de favoriser l'émigraton des familles à qui le pays n'offre plus assez de ressources pour subsister. J'ai fait connaître à Monseigneur le Cardinal Archevêque que j'étais en pourparler avec votre Ordre pour apurer les besoins religieux de la Colonie. Il a beaucoup insisté sur ce point que les émigrants fussent accompagnés à bord par un ministre de la Religion et il est évident que sous tous les rapports, cette mesure produirait un excellent effet moral. Déjà, j'ai obtenu du Gouvernement qu'un médecin de la marine Royale ferait partie de l'équipage. Maintenant, Très Révérend Père, pour en revenir à l'objet de votre lettre, nul ne saurait assurer aujourd'hui quel sera le sort futur de la Colonie, si elle deviendra nombreuse ou si elle demeurera dans des limites étroites. Cinquante émigrants partent cette année, et si tout va bien, pareil nombre émigrera chaque année pendant cinq ou six ans. Je crois qu'il est probable qu'en cas de succès, l'émigration deviendra ou pourra devenir assez considérable. Tout semble le faire espérer; mais je n'en saurais dire davantage. Si vous vous décidez à nous donner un ou deux missionnaires, ne pourrait-on les rattacher à la Mission de Ste Marie ? nous désirerions pourtant avoir la Messe non seulement le dimanche, mais tous les jours avant l'heure du travail. Ayez la bonté, très révérend Père, de me donner une réponse immédiate et quelque peu positive, attendu que l'expédition doit partir vers la fin du mois et que je me vois forcé de prendre de promptes résolutions. En outre, des quêtes devront être organisées pour la future Eglise et il convient que ceci se fasse par un religieux. je suis, très Révérend Père, avec la considération la plus distinguée, Victor deHam n'aura pas l'aide des autorités ecclésiastiques, comme le montre cette troisième lettre au R. P. Heiligb, et malgré cette dernière supplique : Mr DeHam au R. P. Heilig, 29 août 1849
J'ai bien reçu votre honorée du 12, et bien qu'elle ne renferme rien de positif, je prends la confiance de revenir à la charge. J'ai eu l'honneur de vous faire comprendre que, commençant sur une petite échelle, je ne saurais prendre pour le moment d'engagements très lourds. Mais voici un moyen qui me parait propre à tout concilier. Autorisez un de vos religieux flamands à résider au couvent de Ste Marieu; qu'il se rende à cheval, sinon tous les jours, du moins 3 ou 4 fois par semaine à New-Flanders (nom de notre nouvelle Colonie ), il prendra ses repas chez moi. Après avoir construit l'Eglise, nous travaillerons à la maison du Couvent, et d'ici à une couple d'années peut-être plus tôt, nous serons à même d'y installer deux religieux. J'ai dit que je donnait pour l'Eglise et le Couvent cent hectares. Les paroissiens consentiront bien à donner dans l'année quelques jours de leur temps pour les défricher et en mettre une partie en culture. Lorsque 10 ou 20 hectares seront défrichés, il sera facile de trouver un fermier qui cultivera pour compte du Couvent moyennant partage des produits. C'est ici, très révérend Père, une affaire d'avenir, tâchez de nous aider à notre début de la manière que je viens d'indiquer et si, comme j'ai tous lieu de le croire, les conditions de fertilité et de salubrité du pays sont satisfaisantes, il est très certain que le Gouvernement et les autorités Ecclésiastiques nous enverrons beaucoup de monde.
Veuillez donc réfléchir de nouveau à toute cette affaire et voir si vous ne pourriez nous donner un religieux pour accompagner nos colons. C'est le 5 septembre que le Lorena met à la voile à Anvers. Je n'ai pas besoin de vous dire que la traversée lui serait assurée gratuitement. Le 8 septembre, 50 émigrants s'embarquent à bord du Lorena à Anvers pour New York. Les accompagnent, un chirurgien de l'armée, le Dr Reiss alors que Victor DeHam et sa famille s'embarquent au Havre, sur le steamer Hermann à destination de Southampton. Les notes conservées aux A.M.A.E. ne sont pas très claires à ce sujet, mais il semble que DeHam ai précédé les colons aux Etats-Unis. Le 19 décembre, le Lorena arrive à New York, et le Dr Reiss envoie à Bruxelles, son rapport des mauvaises conditions sanitaires dans lesquels s'est faite la traversée. New York, le 20 décembre 1849
Le 13 décembre nous avons rencontré un navire de Boston. Le Capitaine lui a fait un appel et lui a acheté une quantité de viande et de biscuit. […] le voyage une épidémie de diarrhée annoncée par
[…] et accompagnée de coliques […] et de
[…] dans les jambes nous a inquiétés mais elle a cédé au bismuth et à
la chaleur sèche. Dr Reiss Le consul signale que … l'état sanitaire de ces émigrants est satisfaisant, malgré les privations et les fatigues qu'ils ont eu à endurer pendant une aussi longue traversée. Il n'y a pas eu un seul cas de mortalité, ce qui est assez rare. Ils sont tous arrivés sur pied à New York et en sont repartis le 23 courant, se dirigeant vers leur destination accompagnés de M. le Docteur Reiss.
Le rapport ci-joint de ce médecin, que le gouvernement à fort bien fait de mettre à bord, rend compte à votre excellence des incidents de la traversée. |