Le fils de Pierre Lauzon et d'Anne Boivin avait vue le jour, vers 1631, dans la paroisse de Saint-Julien de la ville de Caen, aujourd'hui chef-lieu du département du Calvados et située au confluent de l'Orne et de l'Odon. Délimitée par trois villes, Dieppe, Le Havre et Rouen, baignée par la Manche et bordée par la Seine. Caen occupe au nord-ouest de la France une part importante de la Haute-Normandie. L'église de Saint-Julien, reconstruite en 1954, se trouve au numéro 1dela rue Malfilâtre. Sont venus de Caen la famille LeNeuf, les amis LeGardeur, le gouverneur Augustin Saffray de Mézy et Gilles Lauzon. Paul de Chomedey de Maisonneuve, fondateur de Ville-Marie, avait un besoin pressant de nouvelles recrues pour développer sa ville et faire face à la menace iroquoise. Le 5 novembre 1651, il quittait le Québec pour la France avec l'intention de ramener au moins 200 hommes. Il réussit à faire signer 154 engagements avec la Compagnie de Montréal. Le 20 juin 1653, 122 personnes firent honneur à leur signature. Gilles Lauzon, chaudronnier, comme les autres s'engagea pour 5 ans à raison de 80 livres de salaire par année. On lui en avança 127, 7 sols, 10 deniers, le jour de son embarquement. Le Saint-Nicolas de Nantes, vaisseau assez mal en point, sous la conduite du capitaine Pierre Lebesson, quitta Saint Nazaire, avant-port de Nantes à l'embouchure de la Loire, entreprit la traversée de l'océan, malgré qu'il était pourri et faisait eau de toutes parts. Après 350 lieues en mer, il fallut rebrousser chemin. Soeur Marguerite Bourgeoys, qui était de la traversée, a écrit qu'elle pensait qu'ils allaient tous périr et sans prêtre. Enfin, à l'aide d'un autre navire nolisé, l'on put faire voile le 20 juillet pour accoster au quai de Québec le 22 septembre 1653. Huit passagers étaient morts en mer à cause de la maladie. Gilles Lauzon arriva à Québec sain et sauf. Ville-Marie Le 16 novembre 1653, Gilles mettait pied à terre à Ville-Marie, sa nouvelle petite patrie. Puis, ce furent les jours et les années d'adaptation. Dès le 15 février 1654, Gilles acceptait de demeurer à Ville-Marie pour toujours et recevait du gouverneur une gratification secourable de 500 lives. Ainsi, le 30 mars de l'année suivante, Gilles pouvait se permettre d'acheter d'Ubain Tessier un terrain de 50 perches en superficie, sur lequel il y avait une maison, pour la somme de 330 livres dont il reçut quittance le 5 novembre 1656. Monsieur de Maisonneuve s'occupait activement de tout son monde. Lui-même concéda à Gilles, le 20 août 1655, 30 arpents de terre dans l'enclos de la ville. Gilles se marie Pour Gilles, malgré les difficultés de l'époque, les choses allaient si bien qu'il pensât fonder son foyer immédiatement. Il y avait un mais... Celle qu'il aimait, Marie Archambault, fille de Jacques, premier puissatier de Ville-Marie, et de Françoise Tourault, probablement née à Dompierre-sur-Mer, en Aunis, vers 1644, était à peine nubile. La cadette de la famille Archambault, appelée souvent Marie-Louise, accepta comme son mari Gilles Lauzon, qui la doublait en âge. Le 27 novembre 1656, "les publications ayant été faites aux messes solennelles en trois jours de fête consécutifs", le père jésuite Claude Pijart, alors curé, les "unis solennellement par les liens du mariage", en présence de LambertClosse, sergent-major, Jacques Archambault et Marin Janot, charpentier arrivé à Montréal en même temps que Gilles. Durant la messe, le père Pijart les a bénis "conformément au rite de la sainte Eglise Romaine". L'acte original a étérâedigé en latin dans les registres de la paroisse Notre-Dame de Montréal. Une seule chose surprend quelque peu. Gilles et Marie n'ont pas eu recours à un notaire pour faire rédiger un contrat de mariage. Gilles était un homme actif. Le 19 février 1658, il vendait sa concession obtenue en mars 1655 à Jean Chaperon, menuisier. Prix de cette vente: 800 livres. Etait-ce demander trop cher? Le 16 juin suivant, le nouveau propriétaire rétrocédait sa concession. Alors, Gilles, le 8 octobre 1658, échangeait cette même terre pour une autre possédée par Jean Auger, dit Baron, qui promit verser 375 livres pour combler la différence. Six jours plus tard, Auger revend ce bien pour600 livres à Jean Gasteau qui, le même jour, la refile à Jacques Milot pour 700 livres. Enfin, le 6 août 1659, Pierre Lorrain en devient l'acquéreur pour la somme de 900 livres. L'on apprend également que, le 26 février 1659, Pierre Ducharme se porte acquéreur d'une maison et d'un demi-arpent de terre appartenant à Gilles Lauzon. Adam Dollard était l'ami de Gilles Lauzon. à preuve, les deux signatures de Dollard les 26 février 1659 et le 2 octobre suivant comme témoin d'actes notariés passés par Gilles pardevant le notaire Bénigne Basset. L'on sait que le sieurdes Ormeaux, en mai 1660, sacrifia sa vie au Long-Sault pour le salut de la Colonie. Les quelques biens que possédait le défunt furent vendus à la porte de Jean Gervaise, le 13 novembre 1661. Les trois beaux-frères: Laurent Archambault,Gilles Lauzon et Jean Gervaise ont acquis et payé la moitié du total de la vente. Gilles, le 21 août 1661, loue de Pierre Bessonnette la terre que celui-ci possédait au côteau Saint Louis, François Bailly, dit Lafleur, rencontre également Gilles chez le notaire Besset pour signer un contrat d'achat, le 23 décembre 1662. Telle était la condition de Gilles Lauzon après moins de 10 ans à Ville-Marie. Il était père de famille, propriétaire terrien, chaudronnier sans compétiteur. Milicien de la Sainte-Famille Ville-Marie demeure toujours une cible de choix pour les Iroquois. Même au milieu de l'hiver, ils peuvent mener un raid meurtrier sur la ville naissante. En février 1662, pas moins de 200 Onnontagués attaquent les Français qui travaillentdans les environs. Lambert Closse tombe avec trois autres compagnons. Huit sont saisis vivants. Castastrophe! Il faut donc trouver un moyen efficace de contrer la hardiesse iroquoise. Le gouverneur de Montréal fonde alors la Milice de la Sainte-Famille de Jésus, Marie et Joseph, Paul de Chomedey, après avoir pris l'avis de divers habitants, exhorte dans un texte signé le 27 janvier 1663 ceux qui sont zélés de s'unir ensemble par escouades, chacune de sept personnes, et ceci gratuitement. En l'espace de quelques jours, 20 escouades se sont formées avec chacune un caporal et six miliciens. Le nom de Gilles Lauzon apparaît comme premier milicien de la 14ième. escouade sous l'autorité du caporal Louis Artus de Sailly. Ses compagnons sont Guillaume Gendron, Jean Chevalier, Antoine Courtemanche, Pierre Tessier et Pierre Saulnier. Pendant combien de jour Gilles monta-t-il la garde? Pendant combien de nuits fit-il le guet? Il n'y a pas de réponse. Le dévouement et le patriorisme de Gilles sont des faits certains, inestimables. Ère nouvelle L'an 1663 annonce une ère nouvelle à plus d'un titre. En plus de la fondation de la Milice de la Sainte-Famille à Ville-Marie, le roi de France réalise enfin que la Compagnie des Cent-Associés était en charge d'une mission qui peut-être la dépassait. Du reste, elle donne sa démission le 24 février 1663. Sa Majesté réunit alors à la couronne les droits et privilèges qu'elle avait concédés et déclare par un édit qu'à l'avenir elle gouvernerait elle-même sa colonie. Il y eut nomination d'un Gouverneur Général et d'un Intendant, érection du Conseil Souverain et, en 1665, l'envoi du régiment de Carignan. Toutes les familles de l'île de Montréal eurent un soupir de soulagement, en particulier celle de Gilles Lauzon. En 1666 et 1667, recensements de la population de la Nouvelle-France. Le chaudronnier Lauzon, 35 ans, sa femme, 22 ans, ainsi que leur 5 enfants vivent en 1667 entre les voisins Honoré Langlois, dit Lachapelle, et Jacques Bouin. Ils possèdent 8 bêtes à cornes et 40 arpents de terre en exploitation. François Jacob et Pierre Laurent sont leurs domestiques engagés. le 14 janvier 1667, Gilles signe un bail à rente avec Charles d'Ailleboust. Et, le 12 mai 1669, l'ancêtre est marguiller de la paroisse Notre-Dame de Montréal. L'on découvre son nom au bas d'un compte rendu: pour délibérer sur les expédients les plus convenables pour la bâtisse de l'église paroissiale. Gilles, le 21 juin 1673, avait donné une partie de terrain pour ouvrir la rue Notre-Dame. Le 20 août de la même année, Gilles et son épouse promettent de payer à Jacques Picot, dit Labrie, la somme de 1,900 livres dues sur un achat datant du 3 décembre 1664; le texte de cet achat est disparu du greffe Mouchy. Cette dette considérable, les Lauzon l'acquitteront en 13 paiements différents. Il semble même que Gilles ait vécu une grande partie de sa vie dans les dettes. La réclame d'aujourd'hui n'est pas d'hier: achetez maintenant, payez plus tard! Le 3 janvier 1678, entente nouvelle entre d'Ailleboust et Lauzon qui devait 2,000 livres à son créancier. Bon prince. Charles d'Ailleboust consent presqu'à effacer cette dette. Il ne veut que 275 livres "par commisération chestienne et en considération de la pauvreté et de l'incendie qui est arrivée depuis peu aud. Lauzon et sa femme". Sans cet acte notarié de Bénigne Basset, nous n'aurions jamais su que les Lauzon avaient été victimes d'un incendie. Homme de jugement et aimé de ses compartiotes, Gilles fut nommé arbitre, le 17 avril 1679, "pour juger et déterminer le différend entre François Lenoir, dit Rolland, et Noël Charmois dit Duplessis". Ce dernier sera tué par les Iroquoisle 5 avril 1689. Au recensement, de 1681, Gilles Lauzon, 40 ans, chaudronnier et Marie Archambault, 37 ans, possèdent 1 fusil, 3 bêtes à cornes et 40 arpents de terre en valeur. Mathurin Langevin et Pierre Chauvin sont présentés comme leurs voisins immédiats. La lauzonnerie à la troisième génération, la famille Lauzon possède 118 représentants. La lauzonnerie de la deuxième se compose de 13 membres: Michelle, Marguerite, Françoise, Marie, Catherine, Séraphin, Louise, Michel, Paul, Marie-Madeleine, Anne,Jeanne et Gilles, soit 9 filles et 4 fils. Tous furent baptisés à l'église Notre-Dame. Seules Anne et Jeanne ne survécurent pas. Les autres se marièrent et firent souche. L'aînée Michelle, filleule du taillandier Jean Milot et de Marie Archambault le 13 octobre 1670, épousa à Montréal Jean Coron de qui elle eut 4 enfants. Décédée le 8 février 1683, elle fut inhumée à Pointe-aux-Trembles. MargueriteGervaise, le 24 mai 1659, porta sur les fonts baptismaux Marguerite Lauzon. Celle-ci accepta comme son mari Etienne Forestier, chirurgien et boulanger originaire de la Saintonge. Dans leur jardin familial, ils cultivèrent 15 belles tiges humaines dont 5 se fanèrent au printemps de la vie. Lors de sa sépulture à Montréal, le 14 novembre 1699, Marguerite n'avait que 41 ans. Marguerite Provost, veuve de Jacques Venne, prit la relève de son foyer. François Boulard, dit Cambrai, tisserand, fut le fiancé de Françoise, 13 ans, le 20 novembre 1675. Le couple se rendit responsable de 15 rejetons. Au mariage de sa fille Catherine en mars 1719, Françoise n'était plus. Le cordonnier Charles Desmares alla chercher Marie Lauzon pour fonder son foyer le 26 février 1680. Marie et Charles furent leurs seuls enfants. Marie Lauzon est décédée à l'île Sainte-Thérése en mars 1695. Catherine, filleule de Jean Aubuchon et de Catherine Marchand le 23 mai 1666, s'engagea dans l'état du mariage avec le meunier Jean Sicard, le 10 février 1681, quelque temps avant le recensement de cette année-là. Le ber familial s'enrichit 15 fois d'une vie nouvelle. Le premier fils Lauzon reçut son prénom de son parrain Séraphin Margane, sieur de Lavaltrie, le 9 décembre 1668. Séraphin Lauzon, chaudronnier comme son père, se maria avec Jeanne Desroches, le 27 novembre1690 à Pointe-aux-Trembles. Il eut d'elle 3 enfants; puis, après son décès survenu le 3 novembre 1696, Séraphin se remaria l'année suivante avec Elisabeth Chevalier, issue de Joseph et Françoise-Marthe Barton. Le nouveau couple s'enrichit de 14 enfants. Séraphin fut inhumé le 20 mai 1737, à Montréal. Louise Lauzon, épouse de Jean-Baptiste Quenneville le 21 novembre 1686, n'eut qu'un fils et deux filles dont Marie-Louise qui devint religieuse de la Congrégation Notre-Dame sous le nom de soeur Sainte-Brigitte. Louise était décédée avant le 7 mai 1713, jour du mariage de sa fille Catherine. Les 14 enfants de Michel Lauzon, marié à Marie-Anne Coitou le 15 mai 1702, sont tous nés à Rivière-des-Prairies. Michel fut inhumé le 8 novembre 1749, à Sainte-Geneviève de Montréal, à l'âge de 76 ans. Quant à Paul, filleul de Paul Tessier le 23 octobre 1675, il unit sa vie à Marie-Anne Quenneville le 14 novembre 1697 et devint le père de 14 sujets dont 11 nés à Rivière-des-Prairies. Ses descendants sont nombreux. Sa soeur Marie-Madeleine trouva son compagnon de vie chez les Choquet, Julien, de qui elle eut 7 marmots, tous baptisés à Varennes. Cette brave femme mourut avant 1714. Puis, apparut le cadet, mais non le moindre, Gilles Lauzon baptisé le 29 février 1684, année bissextile. Marie-Anne Grou devint sa compagne de vie le 25 novembre 1709, à Rivière-des-Prairies. Ils eurent une douzaine d'enfants. Telle est en abrégé l'histoire de la lauzonnerie à la deuxième génération. Dernier portage Gilles et Marie avaient travaillé fort pour survivre et élever leur nombreuse famille. Ils avaient encore beaucoup de projets à réaliser. En 1685, le fils Gilles avait un peu plus d'un an. Marie Archambault partit la première. Inhumationà Ville-Marie, mercredi 8 août 1685. Quant à l'ancêtre, il quitta à son tour les siens en 1687. Il fut inhumé le 27 septembre à côté de sa bien-aimée épouse. L'année suivante, le 27 janvier, des tuteurs furent élus pour protéger les droits des enfants mineurs. Le gendre Jean Sicard, mari de Catherine, devint tuteur et curateur des mineurs. Ce n'est que le 30 décembre 1700 que les biens Lauzon furent vendus et les dettes payées. Il est probable que les filles déjà mariées s'occupèrent d'héberger leurs jeunes frères et s¶urs... Gilles et Marie, vous avez plus que donner la vie, vous l'avez multipliée. Maurice Barres écrivait "Comme il est beau que les richesses cachées dans le germe primitif viennent successivement fleurir, tomber et refleurir dans la suite des descendances." La descendance de Gilles Lauzon et de Marie Archambault, très nombreuse en Amérique, est comme un arbre planté près d'un grand cours d'eau; son feuillage demeurera toujours vert. Pierre Lauzon à Michel à Gilles porta le surnom de Vadeboncoeur. Il épousa, le 12 octobre 1732 à Pointe-Claire, Jeanne Roy de qui il eut 12 enfants. Nicolas Lauzon, fils de Séraphin, petit-fils de Gilles, alla vivre à Détroit vers 1728. Ses descendants pullulent dans cette région |
En 1681, Gilles Lauzon, chaudronnier et habitant, réside sur sa terre située au nord de la petite rivière (la rue Saint-Antoine actuelle) allant vers la terrasse Sherbrooke. Il y exploite 45 arpents de terre mis en culture. Son épouse, Marie Archambault, vient de donner naissance à leur douzième enfant, leur neuvième fille nommée Jeanne. Le couple célèbre cette même année le mariage de leur fille Catherine. Fils de Pierre Lauzon et d'Anne Boivin, Gilles Lauzon naquit vers 1630 à Caen. C'est en France qu'il apprit le métier de chaudronnier et acquit le titre de maître. Il s'embarqua pour le Canada en 1653, avec la Grande Recrue, comme engagépour cinq ans. Moins de deux ans après son arrivée, il acheta un premier lot de terre et une maison de bois près de ce qui allait devenir la place d'Armes. Puis, il acquit une concession de 30 arpents de terre sur le bord du fleuve à l'estde la ville et un arpent à Villemarie adjacent à sa demeure. Il entreprit le dur travail du défrichement. Passablement établi, le 27 novembre 1656, Lauzon épousa Marie Archambault, âgée de douze ans, fille de Jacques Archambault et deFrançoise Toureault, arrivée dans la colonie depuis cinq ans. Lauzon partagea peut-être pour un temps ses énergies entre le travail de la terre l'été et la chaudronnerie l'hiver, en ville. En 1658, il acquit par échange la terre qu'il possèdera jusqu'à son décès. Un an plus tard, il vendit sa maison en ville, conserva une partie de l'emplacement et s'installa pour de bon sur sa terre. Lauzon participa à la milice dès 1663. Il fut marguillier de la paroisse de Notre-Dame de 1670 à 1672. Il ne délaissa pas pour autant son métierde chaudronnier. D'ailleurs en 1673, il prenait comme apprenti Laurent Tessier, fils d'Urbain Tessier dit Lavigne. Marie Archambault mourra le 8 août 1685 et Gilles Lauzon décèdera deux ans plus tard. Le couple aura eu 13 enfants. |
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