Intimement liée à l'histoire d'Arthabaska, la maison Suzor-Côté se dresse en face de l'hôtel de ville. Au milieu du XIXe siècle, la construction d'un palais de justice à Arthabaskaville attire plusieurs professionnels comme des notaires et des avocats qui contribuent au développement d'un milieu bourgeois. Quelques demeures cossues du village témoignent encore de cette époque.À l'âge de 21 ans, le notaire Théophile Côté, père de l'illustre peintre, s'établit à Arthabaskaville. Après son mariage avec Cécile-Adèle Suzor, il fait construire en 1859 une maison de brique par François Gaudet. Le peintre y voit le jour le 6 avril 1869.
Baptisé Marc-Aurèle, celui-ci fait plus tard ajouter au nom de famille de son père, ceux de sa mère et de sa grand-mère maternelle. Marc-Aurèle De Foy Suzor-Côté manifeste dès son jeune âge des aptitudes pour la peinture et le chant.
À l'âge de 18 ans, il travaille sous la direction du peintre Maxime Rousseau à la décoration de différentes églises du Québec, dont celle d'Arthabaska. En 1891, il part pour la France avec son ami Joseph Saint-Charles. Il s'inscrit à l'École des beaux-arts de Paris et au Conservatoire, où il suit des cours de chant. Malheureusement, une opération à la gorge lui enlève toute possibilité de poursuivre une carrière à l'opéra. Dès lors, il s'adonne exclusivement à la peinture et à la sculpture. Il passe par les académies Julian et Colarossi où il se mérite le premier prix de composition et de dessin ainsi que deux médailles, une d'argent et une de bronze. Vers 1907, il revient au pays et s'installe à Montréal, où il conserve un atelier jusqu'à sa mort.
Il retourne chaque été dans son village et s'y fait aménager un atelier où il peint et sculpte nombre de ses oeuvres. Certaines d'entre elles se trouvent encore à Arthabaska, notamment à l'église Saint-Christophe et au musée Laurier. À la suite d'une attaque d'hémiplégie qui le laisse paralysé du côté gauche, Suzor-Côté se retire en Floride, à Daytona Beach, où il meurt le 27 janvier 1937 à l'âge de 67 ans. Il repose dans le cimetière de sa paroisse natale. La famille hérite alors de la maison d'Arthabaska et l'habite jusqu'en 1955.
Construite en brique, dans le style néoclassique, la demeure possède un rez-de-chaussée et un étage sous les combles. Au fil du temps, elle subit quelques transformations. Vers 1950, les propriétaires ajoutent un oriel sur un des murs pignons. En 1974, du bardeau d'asphalte remplace la tôle à baguettes sur la toiture et l'annexe, réservée aux domestiques, reçoit un revêtement de tôle. En 1956, la ville d'Arthabaska ouvre la rue Côté, ainsi nommée en souvenir du grand peintre. À cette occasion, les autorités municipales déménagent son atelier, situé dans l'axe de la nouvelle rue, et le transforment en habitation.
Gisèle Beaudet,
diplômée en ethnographie traditionnelle
Extrait de : « Les chemins de la mémoire », tome 1, publication de la Commission des biens culturels du Québec, p. 64
BEAUDET, Gisèle, et autres. Le patrimoine architectural dans les Bois-Francs. Tome l: Victoriaville--Arthabaska. Victoriaville, Société du musée Laurier inc., 1984. 332 p.
Anonyme. Maison Suzor-Côté. Arthabaska, Société d'histoire d'Arthabaska, 1979. n.p.
Maison Suzor-Côté à Arthabaska, vers 1984
Ministère de la Culture et des Communications
