Recueil de Souvenirs
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Le 15 janvier 1933 | entrée au noviciat |
Le 4 janvier 1935 | profession temporaire |
1ère Mission au loin | à l'Hôpital Youville de Noranda. On découvre en elle la compassion pour les autres (témoignages de Mlle Bourassa). |
2e Mission | à l'Hôpital de Maniwaki de 1937 à
1942. Là comme ailleurs, Lucille est appréciée des chirurgiens et de ses compagnes de travail. Elle a une vie sportive bien remplie, ski, traîne sauvage, patin, etc. Sa mère est hospitalisée en novembre et décembre 1941 ; sa soeur Gertrude passe en juillet 1941, une semaine avec Lucille pour connaître : "Les Soeurs Grises". Gertrude retourne chez elle afin de préparer son trousseau. La famille Meilleur s'enrichit d'une nouvelle religieuse. Gertrude, "Soeur Saint Jean des Oliviers" entre au noviciat en janvier 1942. |
3e Mission | à Mattawa 1942 et 1943. |
4e Mission | à Hawkesbury 1943 et 1944. |
5e Mission | à Mont-Laurier 1944 à 1954. Hôpital Ste-Anne. Maman y est hospitalisée et apprécie les soins des religieuses et les visites à sa chambre de l'aumônier l'abbé Côté. |
6e Mission | à Mattawa de 1954 à 1970. Elle visite sa mère et sa soeur Dolorèse à Ville-Marie au chalet. Celle-ci reçoit pour leurs vacances les trois soeurs religieuses de la famille Meilleur, Lucille, Gertrude et Marcelle. Heureux séjours, baignade, promenade en chaloupe, excursions dans la montagne. Nous goûtons aux joies et plaisirs de notre enfance. |
7e Mission | Maison Mère 1970 à aujourd'hui. Lucille se dévoue auprès des malades, à la pharmacie, et à la réception au poste 27. Par la suite, à cause de la maladie, elle doit prendre sa retraite au 3e étage de la Maison Mère. |
Dans sa jeunesse Lucille aimait les prières en famille ; elle était toujours fidèle aux offices à l'église : messes, mois de Marie, etc. même si elle demeurait à un mille de marche du village où se déroulait toutes les cérémonies religieuses.
Joviale, Attentionnée, Dévouée, Tenace, Pieuse.
Elle nous quitte avec une vie bien remplie au service des autres.
Lucille a toujours été un modèle à suivre pour nous tous dans la famille.
Elle retrouvera au paradis outre ses soeurs de communauté, ses père et mère, soeurs et frères décédés:
Béatrice | mai 1908 |
Papa | 11 novembre 1951 |
Maman | 15 décembre 1968 |
Marie-Anna | 22 septembre 1974 |
Dolorèse | 22 avril 1980 |
Maximilien | 19 novembre 1982 |
Marc Antoine | 14 juin 1986 |
Gérard | 21 avril 1989 |
Ange-Emma | 16 juin 1995 |
Sr Gertrude | 29 février 1996 |
+ 1867
« Il est des êtres
en qui soudain se concentre la lumière d'un sourire ;
Il rayonne sur leur devenir et lui en trace le chemin.
Le sourire est un baume précieux, des gens heureux est l'apanage
;
Cette petite flamme au coin des yeux change l'aspect de leur
visage. »
Ce sourire radieux était bien l'apanage de notre chère Soeur Saint-Léandre qui faisait d'elle une âme attachante, une compagne aimable au coeur compatissant. Tel est le souvenir laissé à ceux et celles qui l'ont connue et aimée.
Le père de Soeur Saint-Léandre, Fortunat Meilleur, de St-Sauveur-des-Monts (?), était de la 8e génération des "Le Meilleur" arrivés au Canada vers 1656 ; il épousait Rosianne Prud'homme, de Saint-Faustin (?), le 20 octobre 1903. Douze enfants viendront peupler ce foyer solidement enraciné dans la foi. Le papa, industriel honnête et laborieux, est un chrétien convaincu pour qui la prière est d'une importance capitale ; étant chantre à l'église paroissiale, il connaît très bien le plain-chant ; on a conservé durant de nombreuses années les livres qu'il a utilisés. Secondant admirablement son époux, la maman, femme énergique et douce à la fois, donne à sa famille une éducation de choix. On s'aime dans ce foyer, on prie ensemble, on travaille, on est heureux. On avait l'habitude de dire qu'au sein de la famille Meilleur on savait prendre "le meilleur" de la vie.
Cinquième de la famille, Lucile est née le 16 juin 1910 et baptisée le lendemain en l'église Notre-Dame-de-la-Présentation, par M. l'abbé Donat Guay, à Brébeuf, petit village pittoresque situé sur la Rivière Rouge, au sud de St-Jovite. La rivière et ses petites chutes alimentaient le moulin à scie construit par M. Adolphe Coupal, le fondateur du "petit Nord". Beaucoup de Québécois ont entendu parler ou lu des ouvrages de Marie-Antoinette Coupal, native de ce coin poétique.
Lucile n'a que cinq ans, lorsque la famille quitte le village enchanteur de Brébeuf pour emménager à Ferme-Neuve. Le voyage se fait, de Saint-Jovite à Mont-Laurier par train, puis en voiture à traction chevaline ; arrivée le soir du 1er juillet au son de l'Angélus, la famille héberge au village chez une tante paternelle. Monsieur Meilleur construira, à Ferme-Neuve, un moulin à scie qui est demeuré un bien familial.
Dès sa jeunesse, Lucile se révèle une enfant joyeuse et pleine de bonté. Elle fréquente l'école dirigée par des institutrices laïques dans des classes très nombreuses (70 à 100 élèves). Elle a huit ans lorsqu'elle s'approche de la table sainte et reçoit le Pain de vie, le 16 juillet 1918 ; grâce d'intimité avec le Seigneur dont elle se souvient avec émotion. Par le sacrement de confirmation, le 2 juillet 1919, l'Esprit-Saint vient la combler de ses fruits et de ses dons. Quoique très intelligente, Lucile doit quitter l'école en 5e année à cause de sa myopie, gardant un bon souvenir de chacune de ses institutrices. À la maison, elle est active et responsable, principalement auprès des plus jeunes. Elle est sage conseillère et éducatrice à l'instar de la maman et un appui aux heures difficiles ; elle prend à coeur la responsabilité de la maison ; elle aime tout ce qu'elle fait, entretien de la maison, travaux de la ferme, jardinage, etc. Elle a le tour de se faire aimer et d'entraîner frères et soeurs à la cueillette des fraises, des framboises ; elle leur fait apprécier la beauté de la nature, les accompagne pendant la baignade à la petite rivière. On l'appelle gentiment "la petite maman". Lucile aime les prières en famille ; elle est fidèle aux offices à l'église, elle aime participer à la messe, au mois de Marie, même si elle demeure à un mille du village. Pour ses toilettes, elle est modeste, sans orgueil, d'une belle simplicité. À 21 ans, elle entend l'appel à la vie consacrée après une retraite fermée à l'École normale de Mont-Laurier. Sur le conseil de son curé, M. l'abbé J.-A. Génier, qui avait une cousine chez les Soeurs Grises de la Croix, Soeur Joseph-Hercule, elle se dirige vers le noviciat de Hurdman's Bridge. Laissons-la nous dire simplement :
« Je ne voulais pas entrer à l'été à cause des travaux de la ferme, les sports, etc. Je retardais à l'hiver après les fêtes, c'est plus tranquille. Le patin ? Oui, c'est plaisant. Avant de partir la veille au soir, j'ai été (sic) patiner au village. Le lendemain à 10 heures, mes parents venaient me conduire à Ottawa en Ford. Moi j'avais prié pour demander qu'il n'y ait pas de neige. J'ai été merveilleusement exaucée. C'est signe que le Seigneur me voulait en communauté. »
C'était le 15 janvier 1933.
Après ses deux années de préparation à l'émission des voeux, Lucile est admise à la profession religieuse sous le nom de Soeur Saint-Léandre, le 4 janvier 1935. Sa première obédience la conduit à la buanderie de l'Hôpital Youville, à Noranda. Les autorités ont vite fait de découvrir chez elle une réelle compassion pour les autres, beaucoup d'aptitudes pour le soin des malades. Aussi, de 1937 à 1974, elle sera aide-infirmière dans les hôpitaux, tant au Québec qu'en Ontario : à Maniwaki, à Mattawa, à Mont-Laurier (hospice Sainte-Anne : vieillards, orphelins, malades), à Hawkesbury et à Ottawa (à l'infirmerie de la Maison mère). Plusieurs de ses compagnes rappellent la joie qu'elles ont eue de vivre avec Soeur Saint-Léandre à Mattawa. Bonne compagne ! Bonne garde-malade et sportive : elle aimait la chalet, la nage, la chaloupe, les randonnées en montagnes (et s'il y en a à Mattawa !).
Elle aura la joie de recevoir sa soeur Gertrude (Soeur Jean-des-Oliviers) venue la joindre dans la Communauté en 1942, puis son autre soeur, Marcelle (Soeur André-Marcel) en 1947 ; cette dernière, après avoir été missionnaire au Malawi, Afrique Centrale, puis au Brésil, quittera la Communauté en 1972.
Certains chirurgiens ne voulaient pas d'autre assistante que Soeur Saint-Léandre lors d'une opération. Accueillante, taquine, la bonne infirmière gagne la confiance et la sympathie des malades, des médecins et de ses consoeurs. « C'est une perle » s'exclament ses supérieures satisfaites de l'excellent rendement de cette infirmière, peut-être inférieure au point de vue théorique, mais dont le sens des responsabilités et un charisme spécial de compassion réalisent des merveilles. À l'infirmerie de la Maison mère, elle est une présence rassurante pour les Soeurs malades, particulièrement la nuit.
Soeur Saint-Léandre couronne sa carrière en travaillant comme aide-pharmacienne à la Maison mère, de 1974 à 1984. Encore là, sa vaste expérience, unie à sa bonne volonté, la rendent précieuse auprès de la pharmacienne-chef. Que de bons souvenirs les Soeurs de la Maison mère conservent de Soeur Saint-Léandre ! C'est toujours avec une figure sympathique et un beau sourire qu'elle accueille les Soeurs réclamant ses services. Elle complétera sa vie active comme portière et réceptionniste à la porte 27 de la Maison mère, rue Bruyère, toujours secourable et combien édifiante. La prière occupe ses loisirs et valorise ses gestes de bonté.
En décembre 1987, sa santé laisse pressentir certains déficiences ; on la voit se promener dans le corridor toute la journée ; elle sourit mais ne parle plus ou si peu. Les médecins diagnostiquent la maladie d'Alzheimer. Soeur Saint-Léandre est alors admise à l'infirmerie du 3e étage de la Maison mère où des infirmière assurent une vigilance continuelle et lui procurent les soins adéquats. Elle accepte sereinement le déclin de ses forces, de sa mémoire, et se montre reconnaissante pour les moindres attentions dont on l'entoure. Extérieurement, son beau sourire ne laisse pas deviner la condition réelle de sa santé. Elle conserve une vive affection pour les membres de sa famille, particulièrement pour sa soeur Gertrude qui vient la voir souvent et lui accorde beaucoup d'attentions, de même pour sa soeur Marcelle et ses nombreux neveux et nièces.
Dans la nuit du 10 novembre 2000, le Seigneur vient cueillir cette fleur pour la transplanter dans le jardin céleste. Lors des funérailles, le Père Jacques Léger, o.m.i., aumônier, fait appel à l'amour de Dieu que Soeur Saint-Léandre transmettait aux personnes qu'elle croisait dans son travail d'infirmière ou de pharmacienne. Et il ajoute : « Nous pouvons dire : mission accomplie ! Soeur Saint-Léandre a fait, par sa vie au service des autres, ce que Dieu aurait fait lui-même. »
Recherche et photo par Huguette Meilleur Lebeau, de
Ferme-Neuve Mise à jour le 19 novembre
2001 par Huguette Meilleur Lebeau, de Ferme-Neuve Retour à la Généalogie des MEILLEUR
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MEILLEUR, Lucille
1910 - 2000
Soeur Saint-Léandre des Soeurs de la Charité d'Ottawa, est décédée à Ottawa le 10 novembre 2000, à l'âge de 90 ans, dont 65 de vie religieuse. Elle était la fille de feu Fortunat Meilleur et de feu Rosianne Prud'Homme.
Née à Brébeuf, Québec, elle entra en religion le 15 janvier 1933 et fit profession le 4 janvier 1935. Outre sa famille religieuse, elle laisse deux frères, Féréol de Ferme-Neuve et Gaétan (Pierrette) de Mont-Laurier, une soeur, Mme Marcelle Meilleur de Ferme-Neuve, un beau-frère Rolland Morin (Marie-Anna) de Ferme-Neuve, deux belles-soeurs, Mme Hélène Meilleur (Gérard) de Ferme-Neuve et Mme Gilberte Meilleur (Marc-Antoine) de Ferme-Neuve, ainsi que plusieurs neveux et nièces.
Les funérailles furent célébrées en la chapelle de la maison mère des Soeurs (Grises) de la Charité d'Ottawa.
Plusieurs se rappelleront le dévouement de Soeur St-Léandre assistante du Dr. Gustave Roy à l'hôpital Ste-Anne de Mont-Laurier de 1944 à 1954 (devenu le centre hospitalier des soins de longue durée).
Notes :
(1) Les Soeurs de la Charité d'Ottawa
La fondatrice des soeurs de la Charité d'Ottawa, Élisabeth Bruyère (Bruguier), est née à l'Assomption, le 19 mars 1818. Elle fut une enseignante, à Saint-Esprit de Montcalm et ensuite à Saint-Vincent-de-Paul. Elle entra chez les soeurs de la Charité de Montréal (Soeurs Grises) en 1839 pour y faire sa profession en 1841.
Lorsque Mgr Patrick Phelan, coadjuteur de Kingston, proposa aux religieuses de venir s'établir à Bytown, Élisabeth Bruyère fut choisie. Mgr Phelan donna aux religieuses un mandement d'institution canonique. Lorsque les religieuses de Montréal décidèrent de ne plus tenir d'institutions non gratuites, Mgr Guigues, premier évêque de Bytown, ne put accepter cette décision car les parents étaient déjà habitués à contribuer à l'éducation, ce qui était nécessaire dans un diocèse pauvre. En 1854, la maison générale reconnut l'indépendance totale de la communauté d'Ottawa. Jusqu'à sa mort, en 1876, Élisabeth Bruyère fonda plusieurs missions, en Ontario plus particulièrement. La première mission fondée sur le territoire québécois fut celle de Saint-François-du-Lac (1878). Les générales qui succédèrent à soeur Élisabeth continuèrent les fondations, tant en Ontario et au Québec qu'à l'étranger.
Référence : Une Église se raconte, Diocèse de Saint-Jérôme, 1951 - 2001, sous la direction de Gérard Lajeunesse, Édition Carte Blanche, 3e trimestre 2001, p. 412.