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 Sources 

BELGIANS IN AMERICA:    Biographies of Belgian settlers  

American Censuses
1850/1860/1870
:
link to the censuses by States 
 Distribution according
to the State of settlement
:
link to the State of settlement

The settlers

The Catholic Missions

D'Ans

D'après la correspondance disponible aux A.M.A.E. , dossier 2020.  

D'un premier sentiment, cette plainte semblait assez incroyable, et si les faits avaient été communs, sûrement d'autres plaintes similaires seraient disponibles dans les mêmes archives du Ministère des Affaires Étrangères. On en trouve ! mais elles concernent surtout les années 1855-1856, qui sont les deux années importantes de l'émigration Belge vers les Etats-Unis (avant la guerre de Sécession) avec un nombre très important de passagers belges. Seules ces années là  peuvent leur être comparées aux années 1847 et 1850.  

Bien que l'affaire ait été rapidement rejetée par la commission d'enquête, les quelques sources américaines jusqu'ici disponibles, telles que les souvenirs de la famille Flacy, semblent donner plus de consistance aux propos du plaignant.

Faut-il prendre cette relation de voyage comme un mauvais présage au bon déroulement des projets de la famille Guinotte et comme le début d'un échec supplémentaire et l'arrêt des tentatives du gouvernement Belge de prendre en charge la conduite de l'émigration vers les Etats-Unis ?

Par l'intermédiaire du Consul à la Nouvelle Orléans et le la Légation à Washington, une plainte d'un Mr D'Ans, passager du George Stevens, à charge de la commission maritime d'Anvers, est transmise au Ministre des Affaires Etrangères :

 Seul était mangeable, de mes deux paniers de pommes de terre, un seul a pu servir, l'autre était pourri. Les fèves des haricots et les pois n'ont jamais pu s'amollir dans l'eau fraîche et semblaient durcir avec la cuisson. Monsieur Guinotte, à la tête de 71 émigrants Belges a été trompé comme moi par le fournisseur, Mr Serregiers d'Anvers qui frétait en même temps le navire. Son jambon et ses pommes de terre, en moins de 20 jours de mer, ont été corrompus, et plus de la moitié a du être jetée à la mer, de sorte que nous nous sommes bientôt trouvés sans vivres confortables. Le capitaine dû même nous donner un peu de viande. Nous avions cependant payé les vivres de 1er choix, car il y en a de deux sortes et même d'une pire sorte - La commission a donc fermé les yeux sur cet objet.
Quant à l'eau, dès Flessingue, on nous a rationné à moins d'un litre par jour et par tête, quantité matériellement insuffisante. Parfois l'on trouvait de bonnes futailles, d'autrefois l'eau était si malpropre et si mauvaise qu'il fallait la filtrer à travers un linge et la bouillir pour pouvoir s'en servir. Le 21 mars, la moitié à peu près des émigrants à reçu de l'eau potable, l'autre grande moitié en a reçu dont l'odeur seule infectait le navire. On a soumis cette eau a toutes sortes d'épreuves, rien n'y a fait, il a fallu la jeter - c'était une peste même deux jours après. On a réclamé près du capitaine, il nous a tourné le dos. Nous avons donc été privés de notre ration d'eau et exposés aux tourments d'une soif dévorante sous les ardeurs d'un soleil brûlant - nous étions en face de St Domingue, près du tropique. Vous voyez donc, Monsieur le Consul, que la commission maritime a encore foulé aux pieds son mandat en ne visitant pas les fûts ou barriques, en ne faisant pas mettre l'eau nécessaire et en n'examinant pas si elle était bonne ou mauvaise. Il y plus que cela : la veille du départ d'Anvers, à 9 heures du soir, nous trouvant en rade, on fit entrer 16 personnes à l'insu même du capitaine qui était alors en ville. La commission n'a pu ni inspecter leurs vivres, ni s'assurer des moyens de couchage, ni faire mettre à bord l'eau et le charbon supplémentaires. Aussi, ces émigrants ont-ils fait gîte partout sur les voiles, les cordages. Nous avons été littéralement entassés. Au dire de Mr Serregiers, l'armateur, il y avait des secondes places à bord que l'on payait au double de celle de l'entrepont - j'en prix deux, pour moi et mon fils. Ces places n'existaient pas, nous nous sommes trouvés à l'entrepont à l'arrière du navire plus mal et plus gênés que personne. Nous avons donc été impudemment volés par Mr Serregiers. Que lui fait la vie des hommes à côté de l'argent ? Il voit lui d'abord, de vous, il s'en occupe moins que d'un ballot de marchandises. Mourez de faim et de soif, c'est égal, il a votre argent !
Il n'y avait pas non plus de luminaire comme l'exige le $ 6 du même art. 3. Le charbon de terre était détestable, insuffisant, et le bois pour l'allumer manquait.
Voilà, Monsieur le Consul, ce qui a eu lieu au mépris de l'arrêté Royal du 14 mars 1843, à bord du Geo. Stevens. La conduite de la commission et de l'armateur mérite d'être flétrie et doit appeler sur elle la vindicte des lois, et surtout la réprobation publique afin que tous ceux qui entreprendront un voyage de long cours soient prémunis contre les infâmes trafics de nos commerçants et des commissions instituées dans des vues charitables par le gouvernement.
Je suis heureux de protester ici parce que j'espère que ma plainte ne sera pas perdue. Je proteste seul, mais, au besoin, je fournirai des preuves et les victimes de Mrs Serregiers et de la commission ne me feront pas défaut.
Recevez, je vous prie, Monsieur le Consul, l'assurance de ma parfaite considération.
D'Ans
Nouvelle Orléans le 9 juin 1850
Ex capitaine au service de Sa Majesté le roi des Belges,
Allant pour résider à St Louis