Renseignements sur l'émigration aux États-Unis

Les émigrants cultivateurs munis d'un pécule sont ceux qui ont le plus de chances de succès, pourvu qu'ils choisissent bien leur emplacement.

Les émigrants artisans trouvent à utiliser leurs industries aux Etats- Unis. Leur salaire est infiniment plus élevé qu'en aucune partie de l'Europe, tandis qu'ils peuvent y vivre à presque aussi bon marché, et il est rare qu'un ouvrier industrieux et laborieux ne trouve pas d'ouvrage aussitôt qu'il en cherche. Ceux qui ont les moyens de s'établir pour leur compte réussissent généralement. 

Quant aux émigrants qui n'ont d'autre ressource que leurs bras et qui s'engagent comme ouvriers ou comme domestiques, leur position n'offre pas, comparativement, autant d'avantages que celles des agriculteurs et des artisans. Comme domestiques, ils se trouvent en concurrence avec les noirs qu'on engage à peu de frais, et au service desquels les Américains sont accoutumés; comme ouvriers, ils ont à lutter contre l'énorme émigration irlandaise qui n'a d'autres ressources que celle de ses bras et qui conséquemment est tout ouvrière.

Jusqu'à présent l'émigration en Californie a été extrêmement restreinte; enduit attribuer cela aux prix trop onéreux qui chargent lest navires et bateaux à vapeur. Les navires à voile d'Europe à San-Francisco ne prennent pas moins; de 600 à 700 francs pour les passagers à l'entre-pont; et les voyageurs de même classe, par la voie de l'isthme de Panama, ne peuvent arriver ici pour moins de 225 piastres. Si des prix plus modiques permettaient l'émigration en Californie, nos nationaux pourraient s'y porter avec confiance, car ce pays a tout ce qu'il faut pour prospérer. Outre ses mines d'or, qui sont inépuisables, son sol est, sans comparaison, le plus riche qui existe au monde, et l'étendue de ses terres arables est immense. Le rendement de la terre est tel, et elle exige si peu de travail pour être en état de produire, qu' aujourd'hui, malgré les gages élevés que les fermiers ont à payer à leurs employés, on peut, tout en faisant un très joli profit, livrer les grains à un prix moindre que dans aucun des  Etats de l'Union sur l'Atlantique. Enfin, Mr. le Ministre, il, n'y a aucun doute que l'agriculteur trouvera en Californie tous les éléments de succès.

Les artisans trouveront  également à y utiliser leur industrie avec avantage. Les émigrants sans métier y ont peu de chance de se placer comme domestiques, mais s'ils ont la force et la bonne volonté, ils sont surs de trouver de l'emploi dans les mines. Jusqu'à présent, les mineurs sont payés 3 piastres par jour, et il est probable que ce taux se maintiendra longtemps.

Il m'est impossible de préciser le nombre des Belges qui se trouvent en Californie: toutefois, je ne serais pas surpris qu'il y en eût 500; nos nationaux ressemblent tellement aux Français, très nombreux ici, qu'on les confond avec ces derniers. Parmi les Belges, nous comptons quelques marchands; le plus grand nombre est dans les mines-En général, je crois leur condition assez bonne.

Agréez, etc.

Le consul de Belgique à San-Francisco,
E. CORDIER.

une autre lettre dans le même sens, parue au Moniteur de la même année, p. 2302, n'ajoute rien a ce qui a été dit ci-dessus. Seul le prix des gages dans les fermes, qui est de 30 à 40 $, est ajouté et le trajet par l'isthme de Panama est revu à la baisse à 180 $.