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Histoires de Voyageurs et émigrants


MISSISSIPI et INDIANA

(souvenirs d'Amérique)
Bruxelles, Ve Parentt & fils, 1862

Marie Joseph DULIEU

Vance, 1815
-
Ixelles, 29 mars 1902

Cette biographie est extraite de l'ouvrage de Massonnet "Histoire de Vance" , paru dans le tome XC année 1959 des "Annales de l'Institut Archéologique du Luxembourg".

-

Un écrivain vançois
Marie Joseph Dulieu.


Nous devons à l'amabilité d'une amie, Vançoise d'origine, d'avoir été mis en possession, d'un ouvrage intitulé "Souvenirs d'Amérique", dû à la plume de Marie Joseph Dulieu, né à Vance en 1815.

M. J. Dulieu dédicace son livre en hommage affectueux à Jean Jacques Schréder que nous voyons le premier instituteur de Vance après 1830 et qui l'était déjà sans doute à la fin du régime hollandais. C'était un maître d'élite et son fils Joseph Schréder devait l'imiter et même le surpasser dans les mêmes fonctions et peut-être Marie Joseph Dulieu lui devait il pour une large part la formation qui lui permit de faire une honorable carrière. Ceci expliquerait les bons rapports qui s'étaient établis entre les deux hommes.


Marie Joseph Dulieu était-il le fils de Théodore Dulieu que nous trouvons maire de Vance sous l'empire puis sous le régime hollandais, succédant en 1810 à Pierre Jeanty et abandonnant le poste en 1820 à Marie Henri Joseph Thiéry ? Ou de Willibrord Dulieu qui fut secrétaire de la mairie de Vance en 1812 ?


Lesté d'une solide instruction primaire, il eut le privilège de faire deux ans de collège à Luxembourg puis entra comme stagiaire chez le receveur des contributions d'Etalle.
Il avait sans doute quelque 20 ans, quand nous le trouvons commis expéditionnaire au Ministère de l'Intérieur à Bruxelles. Déjà, à cette époque, on le voit attiré par des idées d'avant garde. Lié avec Delhasse, Proudhon, Buonarroti, il devint un fervent disciple des doctrines fouriéristes. C'est en ces temps là que Fourier, précurseur du Socialisme, montre la puissance de l'association et prévoit en elle un des leviers du mouvement social moderne. Mettant ses idées en application, il décida, tout en restant attaché au département de l'Intérieur, d'apprendre un métier. Son goût personnel le dirigea vers la menuiserie où bientôt il excella. Il se lia d'amitié avec son patron, l'industriel Joseph De Keyn, le philanthrope réputé qui fonda par la suite le prix de littérature Joseph De Keyn et qui le désigna comme son exécuteur testamentaire.

 

Entre-temps, sa famille de Vance s'était expatriée au Nouveau Monde et était à la tête d'une exploitation agricole en Louisiane. Il demanda un congé au département, et alla la rejoindre. II ouvrit un atelier de menuiserie. En même temps, par un éclectisme bien de d'époque, il s'occupa activement de journalisme et joua bientôt un rôle prépondérant dans la politique locale. Au point qu'il se vit offrir une candidature de député, ce qu'il ne voulut accepter.

Il avait pris du reste la décision de rentrer en Belgique et il y vint reprendre son poste au Ministère de l'Intérieur.

 

Il n'avait rien oublié de ses idées philosophiques, et ne cachait pas ses tendances favorables aux réformes de 1848, collaborant à divers journaux et principalement à la « Revue Trimestrielle »  liant des relations amicales et suives avec des républicains français les plus intransigeants : Victor Considérant, l'apôtre du fouriérisme, Hennequin, Cantagrel.

Ses idées avancées et la franchise de ses opinions n'entent pas d'incidences fâcheuses sur sa carrière de fonctionnaire. Au contraire, elles le firent apprécier d'aucuns. Le bourgmestre de Bruxelles, Charles de Brouckère, président de la Commission belge à la première exposition universelle de Paris de 1855, le prit comme secrétaire. II montra, en cette circonstance, beaucoup d'activité et de précieuses qualités qui influencèrent favorablement son avancement au ministère.

 

II accéda à la direction générale des sciences et des belles lettres, et Pirmez, ministre de l'intérieur, trouva en lui un excellent collaborateur. Il eut à s'intéresser dans ces fonctions à nombre d'artistes et d'écrivains auxquels il prodigua de salutaires encouragements.

 

Ce fut à sa rentrée des Etats Unis qu'il fit publier, à Bruxelles, son volume « Souvenirs d'Amérique », travail plein d'observation donnant des renseignements intéressants sur quelques états : la Louisiane, le Kentucky, l'Indiana. Sou style, présenté généralement sous forme de dialogues, est clair et ne manque pas d'élégance : il laisse percer fréquemment ses idées généreuses et foncièrement démocratiques. Pour montrer à quel point il avait conservé le souvenir et l'amour de son village natal, il donne dans son livre, à ses interlocuteurs fictifs des noms chers aux Vançois, comme Haudestan, Koulmy, Ditebrune, Bochelet, La Clouette. Lui même signe certains chapitres du pseudonyme : Théodore de Vance.

 

Marie Joseph Dulieu mourut le 29 mars 1902 à Ixelles, où il fut enterré. Il avait pris sa retraite quelque dix ans auparavant, avec le titre de directeur honoraire des Sciences et des Arts. Les dernières périodes de sa vie avait été attristées par deux grands deuils, la perte d'une fille unique à l'âge de 20 ans, et puis, plus tard, la mort de sa femme, ce qui lui avait fait une vieillesse isolée et mélancolique.

 

Marie Joseph DULIEU

Vance, 1815
-
Ixelles, 29 mars 1902

Cette biographie est extraite de l'ouvrage de Massonnet "Histoire de Vance" , paru dans le tome XC année 1959 des "Annales de l'Institut Archéologique du Luxembourg".

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Un écrivain vançois
Marie Joseph Dulieu.


Nous devons à l'amabilité d'une amie, Vançoise d'origine, d'avoir été mis en possession, d'un ouvrage intitulé "Souvenirs d'Amérique", dû à la plume de Marie Joseph Dulieu, né à Vance en 1815.

M. J. Dulieu dédicace son livre en hommage affectueux à Jean Jacques Schréder que nous voyons le premier instituteur de Vance après 1830 et qui l'était déjà sans doute à la fin du régime hollandais. C'était un maître d'élite et son fils Joseph Schréder devait l'imiter et même le surpasser dans les mêmes fonctions et peut-être Marie Joseph Dulieu lui devait il pour une large part la formation qui lui permit de faire une honorable carrière. Ceci expliquerait les bons rapports qui s'étaient établis entre les deux hommes.


Marie Joseph Dulieu était-il le fils de Théodore Dulieu que nous trouvons maire de Vance sous l'empire puis sous le régime hollandais, succédant en 1810 à Pierre Jeanty et abandonnant le poste en 1820 à Marie Henri Joseph Thiéry ? Ou de Willibrord Dulieu qui fut secrétaire de la mairie de Vance en 1812 ?


Lesté d'une solide instruction primaire, il eut le privilège de faire deux ans de collège à Luxembourg puis entra comme stagiaire chez le receveur des contributions d'Etalle.
Il avait sans doute quelque 20 ans, quand nous le trouvons commis expéditionnaire au Ministère de l'Intérieur à Bruxelles. Déjà, à cette époque, on le voit attiré par des idées d'avant garde. Lié avec Delhasse, Proudhon, Buonarroti, il devint un fervent disciple des doctrines fouriéristes. C'est en ces temps là que Fourier, précurseur du Socialisme, montre la puissance de l'association et prévoit en elle un des leviers du mouvement social moderne. Mettant ses idées en application, il décida, tout en restant attaché au département de l'Intérieur, d'apprendre un métier. Son goût personnel le dirigea vers la menuiserie où bientôt il excella. Il se lia d'amitié avec son patron, l'industriel Joseph De Keyn, le philanthrope réputé qui fonda par la suite le prix de littérature Joseph De Keyn et qui le désigna comme son exécuteur testamentaire.

 

Entre-temps, sa famille de Vance s'était expatriée au Nouveau Monde et était à la tête d'une exploitation agricole en Louisiane. Il demanda un congé au département, et alla la rejoindre. II ouvrit un atelier de menuiserie. En même temps, par un éclectisme bien de d'époque, il s'occupa activement de journalisme et joua bientôt un rôle prépondérant dans la politique locale. Au point qu'il se vit offrir une candidature de député, ce qu'il ne voulut accepter.

Il avait pris du reste la décision de rentrer en Belgique et il y vint reprendre son poste au Ministère de l'Intérieur.

 

Il n'avait rien oublié de ses idées philosophiques, et ne cachait pas ses tendances favorables aux réformes de 1848, collaborant à divers journaux et principalement à la « Revue Trimestrielle »  liant des relations amicales et suives avec des républicains français les plus intransigeants : Victor Considérant, l'apôtre du fouriérisme, Hennequin, Cantagrel.

Ses idées avancées et la franchise de ses opinions n'entent pas d'incidences fâcheuses sur sa carrière de fonctionnaire. Au contraire, elles le firent apprécier d'aucuns. Le bourgmestre de Bruxelles, Charles de Brouckère, président de la Commission belge à la première exposition universelle de Paris de 1855, le prit comme secrétaire. II montra, en cette circonstance, beaucoup d'activité et de précieuses qualités qui influencèrent favorablement son avancement au ministère.

 

II accéda à la direction générale des sciences et des belles lettres, et Pirmez, ministre de l'intérieur, trouva en lui un excellent collaborateur. Il eut à s'intéresser dans ces fonctions à nombre d'artistes et d'écrivains auxquels il prodigua de salutaires encouragements.

 

Ce fut à sa rentrée des Etats Unis qu'il fit publier, à Bruxelles, son volume « Souvenirs d'Amérique », travail plein d'observation donnant des renseignements intéressants sur quelques états : la Louisiane, le Kentucky, l'Indiana. Sou style, présenté généralement sous forme de dialogues, est clair et ne manque pas d'élégance : il laisse percer fréquemment ses idées généreuses et foncièrement démocratiques. Pour montrer à quel point il avait conservé le souvenir et l'amour de son village natal, il donne dans son livre, à ses interlocuteurs fictifs des noms chers aux Vançois, comme Haudestan, Koulmy, Ditebrune, Bochelet, La Clouette. Lui même signe certains chapitres du pseudonyme : Théodore de Vance.

 

Marie Joseph Dulieu mourut le 29 mars 1902 à Ixelles, où il fut enterré. Il avait pris sa retraite quelque dix ans auparavant, avec le titre de directeur honoraire des Sciences et des Arts. Les dernières périodes de sa vie avait été attristées par deux grands deuils, la perte d'une fille unique à l'âge de 20 ans, et puis, plus tard, la mort de sa femme, ce qui lui avait fait une vieillesse isolée et mélancolique.