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Histoires de Voyageurs et émigrants


Rapport du 31 mars 1858 paru au Moniteur Belge en 1858 (page 621)

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Emigration - Cette question est une de celles qui intéressent le plus la population laborieuse, et je ne puis m'empêcher d'en dire un mot.

II est un fait bien regrettable et qui caractérise l'émigration française, c'est qu'elle se trompe complètement de but. Lorsque les Français poussés hors de leur pays soit par les événements, sort par le besoin d'aventures, viennent aux Etats-Unis pour y chercher un sort meilleur, ils commettent une déplorable erreur en s'obstinant. à .demeurer dans les grands centres.

L'habitude de la société, de la causerie, la joie de retrouver à deux milles lieues du sol natal, chez une fraction considérable de la population, les moeurs et la langue de leur patrie, enfin leur peu de goût pour leu langues étrangères, les retiennent comme fatalement enchaînés aux grandes villes où la plupart vivent dans une gêne voisine de la misère, quand ils né meurent pas prématurément victimes de l'influence du climat. C'est là de leur part une déplorable erreur. Les villes populeuses des Etats-Unis ressemblent déjà beaucoup trop aux capitales de l'Europe pour que l'étranger puisse venir y chercher un meilleur sort. Ici comme en Europe le salaire va s'abaissant chaque jour, en raison même de la population, et si les épidémies annuelles n'y faisaient d'aussi grands ravages, j'ose dire qu'il y aurait, à l'heure qu'il est, à la Nouvelle-Orléans, plus de la moitié de la classe ouvrière sans travail. C'est donc se tromper étrangement que de demander aux villes plus qu'elles ne peuvent donner. Bien plus en persistant à y vivre, les Européens sans commerce arrêté avant leur arrivée , méconnaissent les véritables ressources que leur offre le continent américain. Ces ressources inépuisables, il ne faut pas l'oublier, ce sont les terres immenses qui sont offertes presque pour rien aux émigrants. C'est là qu'est leur avenir, c'est là qu'est leur fortune. Une compagnie de Philadelphie possède environ vingt mille acres de terres dans le Kentucky, couvertes des plus beaux chênes et d'autres bois, dont elle désire tirer le meilleur parti ; pour y parvenir, elle a déjà établi plusieurs familles wallonnes belges, par qui elle fait défricher les terres en leur cédant une part de leur valeur; c'est une idée que je ne puis qu'approuver et à laquelle je souhaite le plus heureux succès. Au printemps prochain-une cinquantaine d'autres familles belges sont attendues.

Malheureusement, nous savons tous qu'il est souvent fort difficile à un homme dénué de toute avance d'entreprendre un voyage long et périlleux pour aller seul prendre possession d'une terre éloignée; mais celui qui déjà se trouve sur les lieux peut facilement, au lieu de végéter dans les villes, prendre connaissance du cadastre des terres polir faire un choix, et alors, s'il s'en trouve bien, le faire connaître à ses compagnons en Europe qui seraient tentés de faire comme lui. Les gouvernements d'Europe devraient favoriser l'émigration par tous les moyens possibles. Ils y gagneraient, est-il besoin de le dire? de dégager les villes encombrées d'une population nécessiteuse qui ne demande pas mieux que de se créer un avenir par le travail et d'éteindre ainsi le paupérisme ou de le diminuer.

Que ceux qui seraient tentés de venir aux États-Unis se persuadent bien que le sol est à leur disposition et qu'avec quelques médiocres connaissances de culture, ils y peuvent. trouver un avenir heureux pour eux et pour leurs enfants.

Ceux d'entre eux qui ont voulu se rendre dans l'intérieur y sont heureux, ils exploitent et marchent vers un bien-être satisfaisant. Malheureusement peu le comprennent, j'ai pu le constater trop souvent par les nombreux Belges qui, cette année, sont venus à la chancellerie du consulat pour réclamer des secours.

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Le consul de Belgique à New Orleans

Deynodt.