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Histoires de Voyageurs et émigrants


Extrait d'une lettre de Mr Poncelet, consul de Belgique à Chicago, en date du 22 septembre 1855.

"je crois qu'il serait de la plus grande utilité qu'il soit apporté, par les commissaires maritimes d'Anvers, plus de surveillance à l'embarquement des émigrants belges; que ces fonctionnaires s'assurent bien que chaque passager soit chargé de vivres suffisants, si ces vivre sont de bonne qualité, et si les armateurs remplissent bien à l'égard des émigrants toutes les conditions de passage; surtout,que la quantité de vivre qui doit leur être livrée se trouve à bord, ce qui n'arrive pas toujours. Il est aussi malheureux que honteux, pour notre pays, que de telles choses se passent. Si la ville d'Anvers tient à ce que les émigrants continuent d'affluer dans son port, qu'elle leur donne plus de sécurité. A. Poncelet

Me serait il permis, Monsieur le Ministre, de vous faire quelques observations ? Dans ce cas, je prendrai la liberté de vous dire qu'il serait de la plus haute utilité qu'il y ait au consulat de New York, un employé rétribué, spécialement chargé de se rendre à bord de chaque navire arrivant avec des émigrants belges, de les prendre là, pour les conduire dans des auberges ou logements sûrs, de fixer le prix de nourriture, avec l'aubergiste, puis de prendre là, les émigrants, pour les conduire aux diverses stations des chemins de fer ou des bateaux par où ils doivent partir, de remettre à chaque personne ou chaque chef de famille, son billet de passage, de veiller à ce que les bagages soient revêtus des marques nécessaires afin qu'ils ne s'égarent pas ou que, dans ce cas, ils puissent être retrouvés sans peine, d'indiquer aux passagers les précautions qu'ils auront à prendre jusqu'à destination. La dépense ne serait pas très onéreuse pour le budget. Car on pourrait exiger de chaque émigrant 1/2 dollar ou un dollar. Aucun d'eux ne se refuserait de le payer. Au moment de l'embarquement à Anvers, il serait remis à chaque émigrant une carte indiquant le nom et la demeure de l'employé à NewYork. Les services que ce fonctionnaire rendrait à nos émigrants, seraient immenses. Il leur épargnerait une masse de friponneries et de vols auxquels ils ne sont que trop en but, depuis leur embarquement jusqu'à leur destination. Je dis l'embarquement. Car souvent les tribulations de l'émigrant commencent avant le départ d'Europe. L'employé de New York recevrait leurs plaintes et leur ferait rendre justice dès le débarquement. Il n'arrive que trop souvent que les émigrants, pendant la traversée, sont presque privés de nourriture, sont maltraités tant par le capitaine que par les matelots. Au débarquement, ces malheureux ne savent pas à qui, ni comment, s'adresser pour faire leurs plaintes.

A. Poncelet.

 

 

Rapport paru au Moniteur Belge au début 1856, (page 621)

Chicago, le 30 janvier 1856.

Monsieur le Ministre,

Les journaux de Chicago viennent de reproduire, d'après un journal de Green-Bay un bien triste article sur la situation des malheureux émigrants belges de cette localité. Je joins ici 1a traduction de cet article, qui sera encore une preuve de plus à l'appui de ce que j'ai dit de cette colonie, dans le rapport que j'ai eu l'honneur de vous adresser le 22 septembre dernier.

Green-Bay  Advocate  le 18 janvier 1856. 

Nous fûmes informés, la semaine dernière, qu'une partie des émigrants belges qui habitent sur les bords de la Baie; non loin de la rivière Rouge, à 20 milles nord de Green-Bay, étaient dans la condition la plus misérable, manquant de tout; quelques-uns de nos généreux concitoyens firent une collecte, avec le produit de laquelle ils achetèrent de la farine et des vivres, qui leur furent envoyés.
MM. Scott et D. M.`Whitney voulurent aller eux-mêmes, leur en faire la distribution, et à leur retour, ils nous firent un bien triste récit de la position des émigrants.

Leurs maisons ou plutôt leurs huttes, étant faites de poutres et de lattes mal jointes, le vent et la neige y pénètrent de tous côtés et elles ne peuvent résister aux rigueurs de l'hiver; outre le danger de succomber d'inanition, ces malheureux émigrants courent encore celui de mourir de froid; déjà beaucoup d'entre eux ont les pieds et les mains gelés. Un exemple nous montre où ils en sont réduits : Pendant un des jours les plus froids que nous ayons eus, un des colons belges vint jusqu'à la maison de M. Rousseau, sollicitant des provisions, pour sa famille mourante de faim; il. était déjà tard quand il se disposa. à partir et comme il. était très légèrement vêtu, M. Rousseau voulut le faire rester jusqu'au lendemain matin; mais il s'éloigna aussitôt, craignant, disait-il, que sa femme souffrante et ses petits enfants ne mourussent pendant son absence faute de nourriture; le lendemain, il n'était pas rentré et on l'a trouvé mort de froid dans la forêt.

Un autre est également parti pour chercher des vivres; il n'est pas non plus rentré, on croit qu'il a subi le même sort que le premier

Quelque familles prouvent qu'elles ont eu des jours meilleurs et la plupart des enfants, à ce que dit M.Whitney, ont paru. bien élevés. A l'arrivée des vivres, quelques-uns criaient et sautaient comme des fous; d'autres se jetaient sur les .vivres si peu attendus, comme des 
loups affamés. 

Agréez etc.,

Le consul de Belgique à Chicago,

ADOLPHE PONCELET.

Ce document des AMAE fut envoyé aux journaux de l'époque et publié dans le Moniteur Belge, il est reproduit ici avec les fautes et ratures du texte manuscrit original : 

Nous extrayons d'une lettre de Mr Poncelet, Consul de Belgique à Chicago, les passages suivants relatifs à l'émigration :

Chicago, le 12 mai 1856.

" On a cherché à détourner l'émigration des Etats de l'ouest et à la retenir dans ceux de l'est, du centre et du sud, en faisant voir en présentant les Etats de l'ouest comme malsains et inhabitables. Mais le temps a fait raison de toutes ces calomnies; la seule inspection de la carte des chemins de l'ouest et du nord-ouest suffit pour démontrer clairement à quoi l'on doit s'en tenir à l'égard de la plupart de ces écrits. L'Indiana et l'Illinois seuls possèdent actuellement plus de chemins de fer que l'Union entière n'en possédait il y a quinze ans. Chicago, la ville de boue et de fièvres, a maintenant une population de 85.000 habitants, et a prospéré malgré toutes les menées de ses rivales de l'est et du sud."

" Beaucoup d'écrivains ont parlé de l'industrie, du commerce et de l'agriculture de ce pays, sans jamais avoir été eux mêmes industriels, commerçants ou agriculteurs."

" Les spéculateurs ne sont pas restés en arrière; ils ont fait répandre, soit directement, soit par des banquiers, soit encore par des agents envoyés directement, des masses de brochures et d'écrits dans toutes les parties de l'Europe. La généralité de ces écrits, faux ou erronés, n'a servi qu'à induire en erreur une masse de malheureux, qui ont été attirés sur des points où ils n'ont eu qu'à souffrir, sans espoir de jamais pouvoir y prospérer. Tel est le cas pour les colonies belges de Leopold, Green Bay et autres.

" Il est à regretter que nos lois soient impuissantes à réformer de tels abus et surtout qu'on ne puisse punir sévèrement les embaucheurs.
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" Il n'y a dans tous les Etats-Unis aucun Etat qui soit totalement exempt de fièvres; j'ai rencontré, tant dans mes voyages que dans les hôtels de la ville, bien des habitants de ces Etats, avec lesquels je me suis entretenu à ce sujet. Je sais à quoi m'en tenir sur la prétendue salubrité de ces Etats; les fièvres disparaissent en partie dans les prairies au fur et à mesure que le défrichement avance, mais il y en aura toujours un peu pour les nouveaux émigrants qui ne pourront se procurer une nourriture substantielle et qui, chaque jour, ne pourront prendre du café fort, de la bière ou de l'eau de vie, ces deux dernières en petite quantités, il est vrai, mais il en faut. Ceux qui se nourriront bien échapperont seuls à la fièvre.

" Dans les bois, le contraire a lieu : plus la forêt disparait, plus la fièvre gagne; exemple : Leopold, Port-Washington, Towns-Belgium, Fredonia, Green-Bay et autres. A Leopold, jusqu'en 1850, les fièvres étaient pour ainsi dire inconnues. A cette époque il y avait fort peu de bois d'abattus, mais en 1853, 54 et 55, il y a eu autant de fièvres dans cette colonie que dans celles établies dans les terrains les plus marécageux.

" Les Colons des divers postes belges n'ont pas attendu aussi longtemps.

" Quand cette indisposition ( je ne dis pas maladie ) est traitée à temps et dès son apparition, il suffit de huit jours de bon traitement pour la faire disparaître; ( je parle encore de ceci par expérience ) si elle reparaît, on recommence le traitement et, après deux années de séjour, il n'en est plus question. Malheureusement il n'y a que les bons médecins Européens qui sachent bien la traiter, la plupart des médecins américains ne peuvent le faire
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" Milwaukee est peut-être l'endroit le plus fiévreux de tout le Wisconsin et c'est la principale cause qui a empêché son accroissement. La fièvre qui y règne est la même que dans les autres Etats.
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" On a prétendu aussi que le manque de bois ne permettait guère de coloniser certaines parties de l'Union. Dans le Wisconsin, tous les bords du lac Michigan, de Green Bay à Fond du Lac, sur une grande profondeur sont couverts de forêts de chênes et sapins ou de sapins seuls; les parties les plus riches (les prairies) se trouvent dans le centre ou sur les rives de cet Etat qui touchent à l'Iowa
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" J'ai parcouru toutes les lignes de chemin de fer de l'Etat de l'Illinois et je n'ai jamais fait 10 milles sans rencontrer, traverser, ou voir des bois; sur les bords des rivières et de la plupart des ruisseaux, il y en a suffisamment et dans bien des County Comtés de l'Illinois; il y en a trop, puisqu'on le brûle sur place, parce qu'il est plus facile d'extraire la houille que de dépecer le bois. Cela a lieu dans les County Comtés de Vermillon, Edgard, Clark, Champaign, Pyatt et bien d'autres; le charbon s'y trouve généralement à deux pieds de la surface du sol et les veines varient de 5 à 15 pieds de profondeur. La superficie houillère de l'Etat est de 44.000 milles carrés. L'Ohio en a 11.900, le Kentucky 13.500, la Pennsylvanie 15.457, la Virginie 21.195
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" Dans chaque station, il y a des dépôts de bois sciés, tant sur les lignes de l'Illinois central, que sur les autres. A chaque station on peut acheter les portes, les fenêtres, les persiennes, les planches unies pour planchers, le tout prêt à être placé. Les scieries à eau et à vapeur ne sont pas rares Cela n'empêche pas les fermiers, même ceux qui ont le plus de bois, de construire leurs maisons en bois de sapin acheté dans les dépôts ou à Chicago; ils n'emploient, en général, le chêne que pour les semelles des bâtiments, pour les poteaux de clôture et ne font scier que les planches nécessaires pour les clôtures, pour garnir, intérieurement et extérieurement, les écuries et les remises; rarement pour les maisons; et quelques pièces carrées et de charpente sont aussi préparées aux scieries.

" Tout ce dont un fermier peut avoir besoin, il le trouve soit dans les magasins établis aux stations, soit dans ceux établis dans les villages les plus rapprochés de sa ferme.