4331 - Michel VERRET dit LAVERDURE

Michel VERRET dit LAVERDURE

Michel Verret, fils de Jean et de Jeanne de la Prés, est né à Saintes, l'un des cinq chefs-lieux d'arrondissement de la Charente-Maritime actuelle, autrefois la Saintonge. Saintes, cité historique où, en 1242, le roi saint Louis y vainquit Henri III d'Angleterre, ville située à 61 kilomètres au sud-est de La Rochelle, sur la Charente, accepta comme son sujet Michel Verret, vers 1641.

Selon nos documents canadiens, Michel appartenait à la paroisse de Saint-Eutrope, remarquable par sa splendide église romane élevée sur l'une des plus belles et des plus vastes cryptes de France. Les reliques du saint évêque y sont conservées dans un tombeau spécial, depuis l'an 590.

Nous ignorons pratiquement tout de la vie française de l'ancêtre Verret.

La patronyme Verret est un diminutif de "petite vitre". En ancien français, un verret voulait dire un vitrier.

Migrant discret

Michel Verret quitte son pays, traverse l'Atlantique et s'installe dans la région de Charlesbourg où il écoulera toute sa vie canadienne. Une première question nous vient à l'esprit: pourquoi ce surnom Laverdure? Arriva-t-il sur les bords du Saint-Laurent comme soldat? Aucun autre indice sérieux nous est livré.

En 1667, les recenseurs inscrivent le nom de Michel Verret, 26 ans, comme propriétaire de deux arpents de terre en valeur et dans la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges, à l'est de la rivière Saint-Charles de Québec. Ses voisins: Pierre Clément, mari de Louise Gelé, et Simon-François Daumont, de Saint-Lusson, officier des troupes et grand explorateur; celui-ci vit avec Pierre Picard, Antoine Lemaître et Claude Dastous, tous d'origine inconnue, probablement des gens au service de Saint-Lusson dans l'étude systématique de la géographie du pays. Je n'ai trouvé nulle part les titres de concession de terre de Michel. Serait-il arrivé en 1666 ou en 1665? Interrogation sans réponse.

Marie Deschamps

Le 29 septembre 1669, fête de saint Michel, Michel Verret du bourg de la Reine, Charlesbourg, se présente chez le notaire Pierre Duquet, de Québec, pour approuver son contrat de mariage avec Marie Deschamps, issue de Claude Deschamps et de Jeanne Briolet, de la paroisse de Saint-Médard, ville de Paris. La future épouse, femme protégée par le roi, accepte Michel Verret pour son époux selon les normes de la coutume de la prévôté de Paris. Elle apporte et met en communauté de biens la somme de 300 livres y compris la somme de cinquante livres a elle donnée par sa majesté. Michel offre un douaire de 200 livres. Et l'on convient d'un préciput de 100. Les conjoints déclarent ne savoir signer. Parafent le document Anne Gasnier, Marin Guedon et le notaire.

Le dimanche 13 octobre suivant, à la petite chapelle du manoir de Beauport, semble-t-il, un missionnaire de passage bénit l'union de Michel et de Marie. Le prêtre a oublié de signer. L'acte fut inscrit dans le registre de Notre-Dame de Québec. Les témoins nommés sont le normand Pierre Bazin, le maçon Pierre Marcoux et Jacques Déry qui épousait le même jour Marguerite Vitry, aussi fille du roi.

Un bail, un marché

Si l'histoire est la mémoire du futur, elle est aussi très souvent la recherche désespérante du passé. Michel Verret, en l'espace d'une douzaine d'années, n'a laissé, comme pièces justificatives de ses activités, qu'un bail et un marché.

Le 29 novembre 1671, Guillaume Regnault, ancien soldat du régiment de Carignan, compagnie la Colonelle, et Michel Verret, de la côte Saint-Bernard de Charlesbourg, se présentent à l'étude du notaire Gilles Rageot. Louise Marsolet se faisant fort du sieur jean Lemire pr syndic des habitants de ce pays, son mary, confesse avoir baillé pour deux ans à Guillaume et à Michel une terre de quatre arpents de front qu'elle et son mari possèdent à Charlesbourg en la route sinct Bonaventure, près de François Baribeau. Les preneurs avouent bien connaître cette ferme pour y avoir déjà travaillé; ils promettent donner à la bailleresse sept minots de bled froment loyal et marchand et par chacun desd quatre arpens de terre a chaque an. De plus, ils feront un hangar pour engranger lesd grains. Les témoins signataires: Jean Levasseur et François Baribeau.

Les deux amis Regnault et Verret, le 8 janvier 1673, font un marché avec Nicolas Follin, bourgeois de Québec. Ils s'engagent solidairement à abattre debiter buché et nettoyer la terre de huit arpens sur l'habitation de Michel crestien dit Lebrun habitant de Charlesbourg. Et rendre ledit travail fait et parfait dans le dernier jour de juillet prochain. Les deux contractants devront nettoyer la terre suivant la coustume du pays... de telle sorte quil ny aye que six feux au plus par chacun arpent pour conserver la coudre dud bois, etc. Follin promet donner aux entrepreneurs 36 livres tournois l'arpent, soit 288 livres au total. Jean LeRouge, arpenteur, et Adrien Michelon, cordonnier, signent avec le notaire Romain Becquet.

Au recensement de 1681, au village Saint-Bernard, Michel Verret et sa femme sont recensés comme vivant entre les voisins Mélaine Bonnet et Martin Lepire, dit Henne ou LePortugais. Quatre enfants sont leur richesse humaine. Ils possèdent un fusil, une vache et dix arpents de terre en culture.

Enfants Deschamps = Verret

L'espérance de vie de nos aïeux était bien inférieure à la nôtre. Pour les femmes en particulier, les statistiques l'établissent à une trentaine d'années. Marie Deschamps est morte le 13 mai 1682, à l'âge de 36 ans. Inhumation le lendemain, un mardi, à Charlesbourg, devant la famille éplorée, les amis et le témoin nommé: André Mignier, dit Lagacé.

Marie avait connu six maternités:

1.    Joseph n 23 b Beauport 25-07-1671 Québec d 12 Misère s 13-12-1708 Charlesbourg m 1697 Louise RENAUD (Guillaume & Marie de Lamarre, d 15 Misère s 16-12-1708 Charlesbourg) 6 enfants

2.    Jean n 24 b 26-07-1673 Québec m 1702 Marie-Angélique FERRÉ (Pierre & Marie Lasnon) une fille

3.    Jacques n 2 St-Bernard à Charlesbourg b 6-01-1675 Québec m 1712 Marie-Perrine DEGUISE (Guillaume & Marie-Anne Morin) > 8 enfants

4.    Jeanne n 27 St-Bernard à Charlesbourg b 29-12-1675 Québec m(1) 1701 Jacques BRUNET (Mathieu & Marie Blanchard, d côte St-Laurent s 1-12-1708 Montréal) 4 enfants
m (2) 1710 Guillaume DELISLE dit LARDOISE (Jean-Baptiste-Guillaume Breton & Élisabeth Grandry, d 4 Hôtel-Dieu s 5-11-1718 Montréal, de St-Laurent Mtl) 3 enfants
m(3) 1723 Jean GEAU dit L'IRLANDE (Michel & Marie Deschamps, de Limerick, Irlande, d 25 s 26-10-1734 Hôpital Général Montréal à 90 ans, soldat) sans postérité

5.    Marie-Madeleine n 18 St-Bernard à Charlesbourg b 19-12-1677 Québec d 25 s 26-04<3-1717 Charlesbourg m 1705 Pierre BON dit LACOMBE (Pierre & Michelle Duval, d 12 s 13-05-1725 Hôtel-Dieu Québec, de Charlesbourg, rem 1718 Marie Ledoux, sans postérité) 5 enfants

6.    André n 17 b 18-02-1680 Charlesbourg

Marie Galarneau

Le veuf Michel Verret, responsable de cinq enfants vivants, chercha à refaire son foyer dévasté. Il trouva une généreuse épouse en la personne de Marie Galarneau, fille de Jacques et de Jacqueline Héron. Marie, l'aînée alors de neuf frères et soeurs, accepta sa convention matrimoniale le 17 décembre 1682, par-devant le notaire Gilles Rageot et à la maison de Charles Marquis, basse ville de Québec. Douaire offert: 200 livres. Promesse de la part de Michel: sera fait visite et prisée et estimation de la terre et habitation sur laquelle led futur est demeurant. Sur la terre Verret, il y a environ dix arpents en exploitation, deux arpents de bois en abatis. Signent le document: Marquis et sa femme, Marandeau, Charles Gariépy et le notaire.

Célébration des noces le 7 janvier suivant, à l'église Saint-Charles, devant l'abbé Thury et les témoins Thomas Pageot, Charles Gaudreau, Jacques Leblanc et Pierre Sicateau, tous habitants de Charlesbourg. Et la roue de la joie de vivre se remit à tourner chez les Verret, grâce à cette jeune reine du foyer qui allait avoir bientôt ses 17 ans.

Inventaire

Dresser un inventaire signifie faire appel à un notaire et à des estimateurs; cela coûte cher. Michel Verret attendra pendant plusieurs années avant de s'exécuter.

En 1686, les chantiers navals de Québec réclament des planches de bordage de bois de pin pour faire construire les bateaux du roi. Jean Philippe dit Beaulieu, dit Lebel, et Michel Verret acceptent ensemble de scier 150 planches dont la moitié de vingt cinq pieds de longueur et le restant l'un portant l'autre depuis vingt quatre pieds jusqu'a vingt deux ayant un pied de largeur et cinq quarts de poulce despaisseur. René Regnault fournit les longs et bons billots et promet payer 75 livres le cent de planches. Le 17 novembre 1686, signature du marché par Renault, Julien Joyau dit D'Olonne, soldat, Prénouveau, sergent de la garnison, et François Genaple, notaire.

La famille Galarneau fit pression auprès de Michel pour qu'il fasse son inventaire, afin de rendre légale la succession des biens des enfants des deux lits. Le 16 novembre 1688, a la requeste de Michel Verret dit Laverdure, marié en secondes noces avec Marie Galarneau, il fut fait estimation et prisée du peu de meubles qu'il y pouroit avoir de leur communauté de la dite défuncte Marie Deschamps.

Au village Saint-Bernard, chez les Verret, l'on apprécia la valeur de la crémaillère, des marmites, de la poêle à frire, des ustensiles de cuisine, du vieux coffre sans serrure, de la vieille scie de travers, de la faulx. Les six poules, le coq et les trois poulets d'Inde eurent l'honneur d'être considérés. À l'étable, une petite vache, une génisse, un taureau et un petit cochon valent ensemble 83 livres.

Michel déclare que sa première maison a été la proie des flammes et que sa cabane actuelle ne vaut pas grand-chose. Le hangar: 35 livres; les dettes a plusieurs particuliers: 120 livres. Bref, c'est plutôt la pauvreté.

Au printemps de 1690, le hangar de Martin Pire dit LePortuguais, passe au feu. Martin accuse Pierre Ledoux dit Latreille, d'être responsable de l'accident, parce qu'il avait fait du feu le jour précédent le malheur. Au Conseil souverain, Michel Verret et Jean Bernard affirment sous serment que le jour de l'incendie il y avait du feu partout. Joachim Girard précise que le 18 mai, jour de l'incendie du bâtiment, Martin Pire lui-même avait allumé un feu sur son terrain. Latreille fut condamné à rebâtir le hangar disparu...

Enfants Galarneau = Verret

Michel Verret et Marie Galarneau furent responsables de sept enfants:

1.    Pierre n village St-Bernard b 19-11-1683 Charlesbourg p-m Pierre Auclair & Jacqueline Héron m 1704 Marie-Madeleine BOUNILOT (Michel & Marie-Madeleine Fiset) 12 enfants dont un petit fils, Jean-Pierre Verret m Louise Roy-Traversy, porta le surnom de Caron qui semble s'être perpétué

2.    Élisabeth n village St-Bernard b 3-02-1686 Charlesbourg m 1712 Jean LEMEILLEUR (Jacques & Marie Valade, v Marie Leblanc qui lui avait donné 2 fils) 11 enfants

3.    Jacques n village St-Bernard b 1-09-1688 Charlesbourg

4.    Louis n 11 village St-Bernard b 121-08-1690 Charlesbourg s 14-11-1690 Charlesbourg

5.    Jean n 28 b 29-12-1691 Charlesbourg p-m Jean Turcot & ??? m 1715 Marie-Josèphe LÉPINAY (Jean & Catherine Granger) 2 enfants

6.    Marie-Jeanne n 3 b 4-03-1694 Charlesbourg s 12-02-1703 Charlesbourg

7.    Michel-Joseph n village St-Bernard b 24-05-1696 Charlesbourg; engagé de l'Ouest 1721

À travers la vitre

À travers la vitre plus ou moins opaque de l'histoire, Marie Galarneau disparaît le 25 avril 1699. Morte à l'Hôtel-Dieu de Québec, c'est tout ce que l'on peut affirmer avec certitude. C'est très peu dire pour une aïeule méritante qui laisse les siens, obligée, à l'âge de 33 ans.

L'ancêtre Michel Verret prolongea sa vie cachée et sereine pendant encore un quart de siècle. Son nom apparaît une fois ou l'autre dans le bailliage de Notre-Dame-des-Anges.

Le 4 décembre 1704, Charles Jobin, habitant de Saint-Bernard, talonne Michel; il veut l'acquittement d'une dette de 15 livres pour marchandises livrées.

Après la mort de sa femme Louise Renault, Joseph Verret convoque sa famille pour l'élection d'un tuteur à ses enfants mineurs. L'aïeul Michel y participe le 31 décembre 1708. Jean Meilleur, veuf de Louise Leblanc, futur époux d'Élisabeth Verret, réunit lui aussi ses amis et les membres de sa famille pour l'élection d'un tuteur, le 19 novembre 1711. Michel Verret est présent à l'assemblée.

L'ancêtre Verret est l'exemple d'une vie simple, laborieuse, passée au milieu de beaucoup de joies et aussi de peines. Pauvreté n'est pas vice. Quelques biens matériels supplémentaires lui auraient fourni une qualité de vie plus intéressante. Il fut hospitalisé à l'Hôtel-Dieu de Québec pendant dix jours en juin 1690; et neuf jours au début d'avril 1695.

L'ancêtre des Verret s'éteignit, dans le silence, à Charlesbourg. Il fut inhumé le mercredi 12 février 1724. Le curé Pierre-René Le Boulanger de Saint-Pierre écrivait sèchement dans le registre que Michel avait 80 ans et ne rapporta que la présence d'un seul témoin: Georges Allard. C'était bien peu pour un paroissien qui avait été fidèle à son église pendant environ 57 ans.

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Gérard Lebel, C.Ss.R., Nos Ancêtres, volume 25



 

Recherche par Paul Meilleur de Ste-Adèle

Mise à jour le 9 mars 2008 par Paul Meilleur,
de Ste-Adèle

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