Fils de Guy Cousineau et de Marie Pepouchon

Jean-Bathiste CousineauJean-Bathiste Cousineau

Fils de Guy Cousineau et de Marie Pepouchon, de la paroisse du Grand Jumillac, évêché de Périgueux, il contracte mariage devant le notaire Adhémar, le mercredi 21 décembre 1689, avec Jeanne Besnard, née à Chambly, le dimanche 6 janvier 1675, fille de Mathurin Besnard et de Marguerite Viard, et l'épouse à Montréal, le lundi 2 janvier 1690. De leur union naissent seize enfants.

Ce maître maçon et tailleur de pierre reçoit des Sulpiciens, le 25 avril 1689, une concession de quarante arpents en superficie au Coteau de la Rivière Saint-Pierre à Montréal et s'y établit. II gagne sa vie presque uniquement en travaillant de son métier comme en font foi les nombreux marchés qu'il passe. Le 22 juillet 1690, en compagnie du maçon François Martin, il s'engage à construire une cheminée pour le charpentier René Alary, qui leur promet 55 livres pour cet ouvrage. Toujours avec François Martin, il s'engage, le 16 novembre 1692, à réaliser tous les travaux de maçonnerie nécessaires à la maison de René Cuillerier sur la rue Saint-Paul, le tout pour la somme de 533 livres. Ce même René Cuillerier lui vend, le 7 janvier 1693, un emplacement de trente pieds de front sur la rue Saint-Jacques avec la maison qui s'y trouve pour le prix de 1000 livres, qu'il promet de rembourser par une rente de 50 livres: Jean Lacroix habite cette maison. Il lui fait transport de ce bail d'un an rapportant 60 livres. Le 6 janvier 1694, il promet à Dominique de Lamothe de Lussière de lui démolir une cheminée et de la reconstruire moyennant 120 livres. Ce travail terminé, il s'engage avec le maçon Jean Mars, à faire les ouvrages de maçonnerie à la maison de Claude Robillard, moyennant 4 livres et 10 sols la toise. Dès le 25 juin suivant, Charles Gervaise lui confie des ouvrages de maçonnerie à sa maison pour une valeur de 325 livres et sa nourriture durant le ternes des travaux. Ce travail terminé, c'est Louis Dailleboust de Coulonge, qui lui promet 1100 livres pour des ouvrages similaires à sa maison. Le 9 décembre de la même année, Simon Mars s'engage pour deux mois à son service à 15 livres par mois. Le même jour, il passe un marché avec le charpentier André Foran auquel il promet la somme de 380 livres pour des travaux de charpente à l'agrandissement de la maison du sieur de Coulonge.

Homme de tous les métiers, en compagnie de François Gloria, le 28 octobre 1695, il promet de fournir cinq cents planches à 40 livres le cent et quatre cents madriers à 50 livres le cent à Jean Soumande. Par un nouveau marché, le 11 décembre suivant, il s'engage à réaliser tous les ouvrages de maçonnerie à la maison de Pierre Lamoureux sur la rue Saint-Paul et obtient pour ce travail 2300 livres. Il en vient à un accord, le 7 avril 1696, avec le maçon Jean Mars pour régler tous leurs comptes: ce dernier lui verse 36 livres. En compagnie du maçon Louis Duplais, le 7 octobre 1696, il s'engage envers les Sulpiciens, de la Toussaint jusqu'au printemps à 30 livres par mois et promet de tailler de la pierre pour leur moulin de Saint-Gabriel. Pour 4 livres et 5 sols la toise, ainsi que sa nourriture, le 8 novembre 1697, il promet à François Prud’homme, de faire tous les travaux de maçonnerie à sa maison de vingt-sept pieds par vingt-quatre pieds. Ne refusant aucun contrat, le lendemain il accepte de réaliser les travaux de maçonnerie à la boulangerie et à la maison de Jacques-Alexis Fleury Deschambault moyennant 150 livres. Il doit au maçon Michel Debat du village du Tremblay, la somme de 205 livres, le 19 mars 1698. Il est nommé tuteur de Pierre Gloria, fils de feu François Gloria, époux de Marie Besnard. À ce titre, il donne procuration, le 27 avril 1699, à Guillaume Barette. Un marché de maçonnerie avec Jean Serre, le 24 février 1701, lui rapporte 55 livres. Pour solde de tous comptes avec Charles De Couagne, il doit la somme de 400 livres, le 24 juillet 1702.

Le 29 mai 1707, il accepte le transport de cette somme aux héritiers de Charles de Couagne. Le 15 août suivant, il passe un marché pour la construction d'un four avec François Chorel de Saint-Romain.

Ce ne fut qu'en 1708 qu'il vint s'établir à Saint-Laurent, en la Côte de Notre-Dame-des-Vertus, sur une propriété qui appartient aujourd'hui à M. Hugh Paton, qui l'a acquise de M. Firmain St-Aubin. Cette terre avait été concédé, le 25 octobre 1725, par les messieurs de Saint-Sulpice, à Dame Jeanne Mansion, veuve de Jean Cherlot dit Desmoulins, et elle était de soixante arpent en superficie, Bien que les archives du Séminaire n'indiquent pas précisément la date du contrat d'achat de cette propriété par Jean-Bte Cousineau, tout porte à croire que c'est en 1708, puisqu'à cette date la Veuve Desmoulins est retournée à Montréal, et qu'elle épouse, en secondes noces, Vincent Tudeault, du même endroit. De plus cette terre était voisine de ses deux gendres, Jean et Pierre Grou, établis tous deux à Saint-Laurent, peu de temps auparavant, le premier époux de Jeanne Cousineau, et le second époux d' Angélique Cousineau, étant devenu veuf de Gabrielle Cherlot dit Desmoulins, fille de la veuve Desmoulins qui venait de vendre sa propriété à Jean Cousineau. L'occasion ne pouvait être plus favorable pour faire l'acquisition de cette terre afin de demeurer comme on dit en famille

Le 13 janvier 1709, il engage son fils Jean-Noël âgé de dix ans, pour une période de trois ans, à Louis Langevin qui promet de lui remettre au terme de ces trois année un " capot de mazemet une culotte de cuir une paire de bas une paire de souliers un bonnet et un tapabor. " Sans cesse en quête d'ouvrage, il s'engage au service du maître maçon Pierre Couturier, à 50 sols par jour, du 8 mai au 29 septembre 1709, et loue pour deux ans, à Antoine Langevin, le 9 Mars 1710, moyennant la moitié des grains, toute la terre labourable sur son habitation. Il passe un marché, le 29 novembre 1711 avec Pierre Trottier de l'Ile-aux-Hérons, promettant pour 900 ( livres de lui construire une maison de pierre avec deux cheminées. Pour se faire aider dans ses travaux, il engage à son service pour trois ans, le 7 juillet 1712, Jean Deslandes auquel i promet un salaire de 16 livres par mois, de juillet à novembre la première année et 10 livres de novembre à mai, 20 livres de juillet à novembre la deuxième année et 40 sols par jour durant la même période la troisième année. Il renouvelle pour cinq ans, le 16 octobre suivant, le bail de sa terre à Antoine Langevin moyennant trente-cinq minots de blé par année e passe encore trois marchés de maçonnerie en 1712, le 10 avril avec Jean Brunet pour la somme de 150 livres, le 6 juin avec Jean Latour pour 40 livres et le premier août avec Maurice Blondeau pour 100 livres, dans tous les cas pour des cheminées à construire ou à retaper.

 Au cours de 1713, il s'engage à faire une cheminée, le avril, pour Joseph Dumais de Laprairie et, le 15 juillet, achète d'Étienne Volant Radisson un emplacement, rue de l'Hôpital L'année suivante, 1714, il passe pas moins de six marchés de maçonnerie, notamment pour une maison de dix-huit pieds par vingt pour Joseph Grenhil, moyennant 480 livres, le 24 janvier; pour une maison à Anne-Charlotte Chorel, le 14 février: à 18 livres la toise et 15 livres par mois pour sa nourriture et 1 livres par mois pour celle de chacun de ses ouvriers; pour un solage à la maison de Jean Fontenelle, le 15 février, moyernant 400 livres; pour une muraille à la maison de Denis Lecourt le 25 mars; et le lendemain pour divers travaux à la maison de Jean Petit de Boismorel, sans compter, le 17 avril, pour 20 livres de travaux à la maison de Maurice Blondeau. Les marguilliers de Notre-Dame de Montréal l'engagent, le 5 février 1715, en compagnie de Jean-Baptiste Deslandes, à percer l' ancienne muraille du frontispice de l'église pour faire des ouvertures de neuf à dix pieds de largeur moyennant 150 livre; Maurice Blondeau lui confie la réalisation d'une muraille à sa maison, le 22 mars suivant. II lui donne en avances 150 livre Il en vient à un accord avec madame de Lorimier, le 22 m. 1716, au sujet d'un marché passé avec elle et qu'il n'a pas réalisé à temps. Il promet d'achever les travaux pour la fin de septembre. . Comme il avait plusieurs garçons à établir, il fit, en 1717 et en 1718, l'acquisition du reste de la même propriété, c'est-à-dire, la partie située aujourd'hui en la Côte du Bois-Franc, jusqu'à la Rivière des Prairies aussi d'une autre terre de Vertus, aujourd'hui la propriété de M. Aldéric et Arthur Beaulieu (no 241 du cadastre). Nous voyons encore, à Saint-Laurent, d'anciennes maisons en pierre, construites très probablement par Jean Cousineau, puisque c'était son métier ; d'abord, la siennes et celles de ses gendres, Jean et Pierre Grou, trois maisons absolument semblables, ayant été fait, sans doute, par le même. Elles ont été restaurées depuis, mais on en a conservé la forme première, ainsi que la maçonnerie en grosse pierre et en bon mortier comme on savait le faire dans l'ancien temps ; et ceci concorde parfaitement avec la tradition conservée dans la famille Grou que ces maisons de Vertu ont été construites du temps des deux frères Jean et Pierre Grou.

Comme tous les colons, fondateurs de la race canadienne française, Jean Cousineau eut plusieurs enfants, et après deux ou trois générations, ses descendants formaient une partie considérable de la population de Saint-Laurent ; et les terres de cette paroisse étant toutes concédées à cette époque, il fallut songer à l'émigration. Plusieurs nouvelles paroisses du nord de Montréal durent leur rapide développement au courage et à la vaillance des fiers enfants de Saint-Laurent, qui songeant d'abord à l'avenir de leur nombreuse postérité, ne craignaient pas de prendre la hache et la charrue et de s'avancer au loin pour abattre la forêt et labourer les terres fertiles, afin d'en retirer la subsistance de leurs nombreux enfants.

Le 22 mars 1719, il s'engage au maçon Jean Deslandes pour travailler de son métier à 8 livres par jour. Le 24 août suivant, il doit 150 livres à Michelle Chauvin.

On le dit alors habitant de Côte Vertu. II promet, le 24 décembre 1721, de réaliser des ouvertures à la maison incendié de Maurice Blondeau, à raison de 23 livres par ouverture. Le notaire Pierre Raimbault lui vend une terre de deux arpents de front à la Côte Vertu moyennant 500 livres, le 2 mai 1726. Le 8 juillet suivant, il promet avec Pierre Martin à Dominique Janson Lapalme, de réaliser la maçonnerie d'une église de soixante-quinze pieds par trente-six pieds à Contrecoeur, pour la somme de 5 livres et 10 sols la toise. Le 26 juillet 1727, il vend à Jean-Baptiste Couvret la terre acquise du notaire Pierre Raimbault l'année précédente. C'est à Saint-Laurent qu'il décède le 22 décembre 1731 et y est inhumé le lendemain.

Les paroisses de Saint-Martin, Saint-Eustache et Saint-Benoit, comptent parmi leurs premiers habitants plusieurs membres de la famille Cousineau ; Pointe-Claire, Sainte-Geneviève et Saint-Anne eurent aussi leur contingent qui s'agrandit, en même temps que la colonisation 'avançait, et on en retrouve aujourd'hui jusqu'à Hull et Ottawa, plusieurs familles disséminées eu divers endroits et formant les branches du grand arbre qui est encore bien vivace à Saint-Laurent. Plusieurs aussi quittère Saint-Laurent pour les Cantons de l'est, où, non loin de Sherbrooke, on en retrouve en 1909 un groupe considérable. Mais la partie la plus nombreuse de la famille Cousineau est actuellement à Montréal ; dès la deuxième et troisième génération, plusieurs avaient laissé Saint-Laurent pour retourner à la ville où il existe en 1909, soixante-deux familles. La souche est demeurée à Saint-Laurent n'en est pas moins devenue, elle aussi, un grand arbre formant aujourd'hui cinq branches différentes descendant tous du même Jean Cousineau, et dont les unes se sont séparées du tronc principal à la première et la deuxième génération, et les autres à la troisième.

M. le Chanoine Jasmin, dans la magnifique préface qu'il m'a fait l'honneur d'écrire pour mon modeste livre, dit que " la profession des Grou est inscrite dans les registres, et qu'ils furent de tout temps colonisateur et cultivateurs, ayant fourni de respectables citoyens et de bons chrétiens aux paroisses où ils ont vécu", je puis rendre le même témoignage aux Cousineau, et ajouter que ces deux familles paraissent avoir eu aussi de tout temps les mêmes goûts et les mêmes aspirations, puisque dès l'origine nous les trouvons unis par les liens de la plus étroite amitié en même temps que par ceux du sang. En effet, nous voyons deux frères Grou épouser deux sœurs Cousineau, et à une génération subséquente deux cousins Cousineau épouser deux sœurs Grou. Ces liens de parenté, remontant à la cinquième génération, se sont resserrés de nouveau à la sixième par l'union de Gervais Cousineau et d'Angélique Grou. Ce sont ces liens continus qui m'ont donné l'idée de publier, l'une à côté de l'autre, la généalogie des deux familles. Chacun des membres de nos deux familles éprouvera comme moi-même, je l'espère, un réel bonheur à faire connaître à ses parents et à ses amis à qui ce petit travail est d'ailleurs destiné les relations de parenté et d'affection qui ont existé entre nos communs ancêtres. Puissent, dans le respect de ces pieuses traditions de famille, les liens qui nous unissent déjà se resserrer encore, pour le présent et pour l'avenir.

J.E. GROU