1800 - Appendices


 
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Naval History of Great Britain - Vol III
  Appendix  

No. 22.
See p. 176

Instruction partictilère du premier Consul au général de division Decaen, capitaine-général des établissemens français au delà du cap de Bonne Espérance.

Paris, février 1803.

Indépendamment des instructions générales quo le ministre donnera au capitaine-général des possessions françaises dans les Indes, et à l'amiral, l'un et l'autre auront des instructions d'un ordre supérieur, lesquelles seront signées par le premier consul.

Il faudra donc ôter des deux instructions ci-jointes tout ce qui a rapport à la haute politique et à la direction des forces militaires ; ce qui se réduit à retrancher quelques paragraphes. Les instructions particulières seraient rédigées ainsi :- " Le ministre de la marine a dû remettre au capitaine-général des instructions sur l'administration et les différens droits et prérogatives dont nos établissemens et notre commerce doivent jouir aux Indes ; mais le premier consul a cru devoir signer lui-même toutes les instructions servant de base à la direction politique et militaire. Le capitaine-général arrivera dans un pays où nos rivaux dominent mais où ils pèsent aussi sur tous les peuples de ces vastes contrées. Il doit donc s'attacher à ne leur donner aucun sujet d'alarme, aucun sujet de querelle et à dissimuler le plus possible. Il doit s'en tenir aux relations indispensables pour la sûreté et l'approvisionnement de nos établissemens, et dans les relations qu'il aura avec les peuples ou les princes qui supportent le plus impatiemment le joug anglais, il s'etudiera à ne mettre aucune affectation, à ne leur donner aucune inquiétude. Ils sont les tyrans des Indes ; ils y sont inquiets et jaloux, il faut s'y comporter avec douceur, dissimulation et simplicité.

" Six mois après son arrivée aux Indes, le capitaine-général expédiera en France, porteur de sec dépêches, un des officiers ayant le plus sa confiance, pour faire connaître en grand détail tout ce qu'il a connu de la force, situation et disposition d'esprit des différens peuples des Indes, ainsi que de la force et de la situation des différens établissemens anglais. Il fera connaître ses vues et les espérances qu'il aurait de trouver de l'appui en cas de guerre, pour pouvoir so maintenir dans le presqu'ile, en faisant connaître la quantité et qualité de troupes, d'armemens et d'approvisionnemens dont il aurait besoin pour nourrir la guerre pendant plusieurs campagnes au centre des Indes. Il doit porter la plus grande attention dans toutes les phrases de son Mémoire, parce que toutes seront pesées et pourront servir à décider, dans des circonstances imprévues, la marche et la politique du gouvernement. Pour nourrir la guerre aux Indes plusieurs campagnes, il faut raisonner dans l'hypothèse que nous ne serions pas maîtres des mers et quo nous aurions à espérer peu de secours considérables. II paraîtrait difficile qu'avec un corps d'armée on pût long-temps résister aux forces considérables que peuvent opposer les Anglais, sans alliances et sans une place servant de point d'appui, où dans un cas extrême on pût capituler et se trouver encore maître de se faire transporter en France ou à I'lle-de-France avec armes et bagages, sans être prisonniers, et sans compromettre l'honneur et un corps considérable de Français.

Un point d'appui doit avoir le caractère d'être fortifié, et d'avoir une rade ou un port où des frégates ou des vaisseaux de commerce soient a l'abri d'une force supérieure. Quelle que soit la nation à laquelle appartienne cette place, portugaise, hollandaise, ou anglaise, le premier projet paraît devoir

tendre à s'en emparer des les premiers mois, en calculant sur l'effet de l'arrivée d'une force européenne inattendue et incalculée. Après avoir fait un plan d'alliance et de guerre avec une force demandée, il faudrait établir ce que croirait devoir faire le capitaine-général, si, au lieu de cette force, on ne lui en envoyait que la moitié. Après avoir pensé aux alliances et à un point d'appui, les objets qui intéressent le plus une armée dans une campagne, sont les vivres et les munitions de guerre, objets que le capitaine-général traitera également dans le plus grand détail. Six mois après cet envoi, le capitaine-général, dans un nouveau Mémoire, traitera les mêmes questions, en y ajoutant les nouvelles connaissances qu'il aura pu acquérir.

" Ainsi, il sera établi que tous les six mois le capitaine-général enverra en France des offciers sûrs, des Mémoires traitant toujours les mêmes questions, et confirmant, modifiant ou contre-disant les idées des Mémoires précédens. Si la guerre venait à se déclarer entre la France et l'Angleterre avant le 1er vendémiaire an XIII, et que le capitaine-général en fût prévenu avant de recevoir les ordres gouvernement, il a carte blanche, est autorisé à se reployer sur I'lle-de-France et le Cap, ou à rester dans la presqu'ile, selon les circonstances où il se trouvera, et les espérances qu'il pourrait concevoir, sans cependant exposer notre corps de troupes à une capitulation honteuse, et nos armes à jouer un rôle qui ajouterait à notre discrédit aux Indes, et sans diminuer, par l'anéantissement de nos forces, la résistance que peut présenter I'lle-de-France en s'y reployant. On ne conçoit pas aujourd'hui que nous puissions avoir le guerre avec l'Angleterre, sans y entraîner la Hollande. Un des premiers soins du capitaine-général sera de s'assurer de la situation des établissemens hollandais, portugais, espagnols, et des ressources qu'ils pourraient offrir.

" La mission du capitaine-général est d'abord une mission d'observation sous les rapports politique et militaire, avec le peu de forces qu'il mène et une occupation de comptoirs pour notre commerce ; mais la premier consul, bien instruit par lui et par l'exécution ponctuelle des instructions qui précedent, pourra pout-être le mettre à même d'acquérir un jour la grande gloire qui prolonge la mémoire des hommes au-delà de la durée des siècles." Précis des Evènemens, tome xi., p. 189.

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