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Histoires de Voyageurs et émigrants


PERLOT, JEAN-NICOLAS

Herbeumont, prov. de Luxembourg, le 6 décembre 1823 - Arlon, le 19 janvier 1900

Chercheur d'or en Californie de 1851 à 1857 ; 
jardinier, géomètre, agent immobilier à Portland, Orégon de 1857 à 1872.

    Chapter I

Nicolas PERLOT

Luxembourg, 15/12/1836
-
Arlon, 19 janvier 1900

L'excellent résumé ci-contre fait par Antoine De Smet dans "Voyageurs Belges" donne un très bon aperçu de cet ouvrage. 

Il fut réédité en Anglais sous le titre de :

Gold Seeker
Adventures
of a Belgian
Argonaut
during the
Gold Rush
years

translated by Helen Harding Bretnor and Edited and with an introduction by Howard R. Lamar.

Cet livre est toujours édité et disponible. Néanmoins, dans cette traduction, les trois premiers chapitres n'ont pas été inclus. Vous les trouverez ici tels qu'ils ont été publiés en 1897.


D'Amérique il envoya régulièrement des lettres à sa mère, ses frères et soeur. Ces documents et d'autres souvenirs furent soigneusement conservés dans sa famille à Herbeumont jusqu'en août 1914. Les Allemands mirent le feu à de nombreuses maisons de la commune et les documents furent détruits. Heureusement notre voyageur, à la demande de ses amis, avait rassemblé ses souvenirs dans une autobiographie

Après la mort de son père il se rendit à Paris (janvier 1845) ; il y réussit à bien gagner sa vie et à s'instruire. La Révolution de février 1848 ayant provoqué une stagnation des affaires, sa situation devint précaire. C'est ainsi qu'en mai 1850, il prit un engagement avec la société française . La Fortune » qui se proposait d'exploiter des gisements aurifères qu'on venait de découvrir en Californie.

II s'embarqua au Havre, le 3 octobre 1850, sur le navire Courrier de Cherbourg comme membre d'un groupe de 43 travailleurs de « La Fortune », parmi lesquels il y avait un nommé Latuy, des environs de Wavre. Débarqués à Monterey, Californie le fi avril 1851, les hommes de « La Fortune » apprirent que leur société avait fait faillite. La plupart s'engagèrent comme travailleurs chez des fermiers dans la région de Monterey ou se rendirent à San Francisco.

Perlot, avec neuf compagnons, quitta Monterey le 16 avril 1851 pour les « placers ». Par Salinas, Saint-Jean (San Juan), Pacheco, Saint Louis, la plaine de Tulares, le San Josquin et Wood-Ferry (sur cette rivière). Traversée du Merced et arrivée à Griffine. A la recherche de Mariposa sans connaître le chemin à suivre, ils y arrivèrent par Paso, Arroyo, Hornitos, Bear-Valley 17 jours après avoir quitté Monterey (vers le 2 mai).

C'est dans la région de Mariposa, du Merced et de l'actuel Parc National de Yosemite Valley que Perlot mena la vie rude et dangereuse du chercheur d'or de 1851 à 1857. Il trouva de l'or assez régulièrement, mais ce ne fut jamais la fortune. Une fois le manque d'eau empêchait de laver les terres aurifères ; à la saison des pluies, c'était l'excès d'eau qui ne permettait pas le travail à plein rendement ; d'autres fois, les gelées et la neige arrêtaient tout. Il travailla tantôt seul, tantôt avec des compagnons. Il connut la maladie, la nostalgie, la faim et la soif. Il nous donne d'intéressants renseignements sur la vie dans les « placers », l'organisation des mineurs et leurs lois, la lutte contre les Indiens et les nombreux aspects de cette région de la Californie où il connut plusieurs localités à leurs débuts. On le trouve à Mariposa et sur la rivière de ce nom, à la Cagnade Blanche, l'Agua Fria, Bear-Valley, la région du Fresno, Coarse Gold, sur le Tchaoutchili, sur le Merced, au Pelon, à Coultersville, à OakFlat, au Spring-Gulch, sur le North-Fork du Merced, le Lewis-Gulch, à Marble-Spring, Les Garottes, non loin du Toualumné (ou Tuolumne), sur les « placers » indiens vers le confluent du South-Fork et du Merced, à Sheer-lock. Il fit une exploration dans la région du Pilot-hill (Pilot Peak?) dont il fit l'ascension et d'où il admira le panorama.

Vers le début 1856, Perlot se rendit compte que le mineur travaillant à son compte devrait bientôt abandonner les placers aux entreprises capitalistes. Il était même difficile de trouver un terrain à exploiter. Il travailla encore dans la vallée du Toualumné, où il explora une cascade qui était infranchissable aux poissons. Il retourna ensuite à MarbleSpring et s'installa sur une branche du Bull Creek.

Vers le 15 mars 1857, notre Ardennais pilota un groupe d'environ 150 touristes dans la vallée dite Yausémite (Yosemite) en remontant le Bull-Creek. Il nous décrit les beautés de cette vallée, les chutes du Merced etc.

Il participa à des opérations de planimétrie et de nivellement. Grâce aux renseignements recueillis au sujet des placers de Mariposa, Bear Valley, Coultersville et Oak Flat, Perlot fut convaincu que le moment était arrivé de renoncer à la fortune en cherchant de l'or.

Vers le 10 mai 1857, il vendit la maison et l'installation qu'il occupait à ce moment dans la région du Bull-Creek. Quelques temps après il quitta la région par le Marble-Spring dont il descendit le ruisseau jusqu'au confluent dans le North-Fork du Merced.

A Don Pedro Bar, il traversa le Toualumné, et se rendit à Sonora (à 30 lieues de Bull-Creek). Ce camp était déjà une ville. Perlot constata, pendant ce voyage que depuis quatre ans, la Californie s'était transformée à pas de géant, grâce à l'immigration.

Beaucoup de chercheurs d'or de ses connaissances étaient devenus commerçants ou artisans et gagnaient au moins autant que sur les placers.

Notre Ardennais passa une semaine à Sonora (vers la fin mai - début juin 1857). Il se rendit à Stockton (en diligence), puis par steamboat sur le San Joaquin et le Sacramento jusqu'à San Francisco. Partout il vit que la Californie se civilisait, se transformait et que c'était l'or qui avait accompli cette oeuvre civilisatrice.

San Francisco détruite trois fois en sept ans par des incendies, comptait 120.000 habitants en 1857, et était une belle ville moderne. Perlot y apprit qu'on trouvait de l'or dans l'Orégon. C'est ainsi qu'il se rendit dans ce territoire. Il s'arrêta à Portland vers le 25 juin. A cette époque, la ville comptait 2.000 habitants; c'était une rue d'un kilomètre de long dont l'emplacement avait été conquis à la hache sur la forêt, un simple entrepôt. Tout y était bon marché sauf la main d'oeuvre

La saison étant trop avancée pour se rendre dans la région des nouveaux placers, il travailla à Portland comme bûcheron d'abord, puis s'établit comme jardinier, architecte de jardins et marchand de légumes. Une nombreuse clientèle lui permit de gagner largement sa vie. Il employa jusqu'à six ouvriers et travailla lui-même du matin très tôt jusque tard dans la soirée.

Le 27 mai 1858 il reçut pour la première fois une lettre d'Herbeumont, lui arrivée par Mariposa, Cal.

Entretemps il acheta plusieurs blocs de terres, mesura et assécha des terres de fermiers de la région, et continua à aménager et entretenir des jardins, à cultiver et vendre des légumes.

Pendant l'hiver, il fit des traductions du français en anglais pour un journal de Portland et donna des leçons de français.

Le 12 mars 1860, son frère arriva à Portland avec sa famille et travailla d'abord avec lui. Il était accompagné d'un nommé Prosper Gaillard d'Herbeumont. Celui-ci après avoir travaillé comme mineur sur les placers de la rivière du Saumon de 1863 à 1865 retourna à Herbeumont en 1866.

Perlot continua à s'intéresser aux mines d'or découvertes dans l'Orégon et dans d'autres États avoisinants ainsi qu'à leur influence sur la population de la région de Portland. Notre Ardennais nous renseigne sur les principaux événements de la région et même sur ceux de Californie. Vers 1858, les Chinois envahirent les anciens placers de Californie et les Européens durent se retirer.

Le 14 octobre 1867, Perlot quitta Portland pour retourner en Belgique par San Francisco, où il fit la connaissance d'un M. Van der Noot « gentilhomme » de Moorsel près d'Alost. Celui ci retournait en Belgique après 17 ans de séjour en Californie. Le voyage se poursuivit vers St Jean du Sud (S. Juan del Sur), au Nicaragua, puis par terre jusqu'à Virgo, traversée du Lac de Nicaragua et descente de la rivière de San Juan. Puis vers New-York et de là vers l'Europe : Liverpool, Dieppe, Paris, Sedan, Carignan et Herbeumont (fin 1867).

Le 23 janvier 1868, il repartit d'Herbeumont pour l'Amérique avec une demoiselle Victorine Gaupin, sa fiancée qu'il épousa durant la traversée et un groupe de 14 jeunes gens qui le suivirent à Portland. Une demoiselle Lamkin était du nombre; elle allait rejoindre son frère établi au Kentucky. A Paris un 15e émigrant : Willaime, natif d'Herbeumont, se joignit au groupe. Ils s'embarquèrent à Liverpool à bord du City of Paris pour New-York (arrivée le 11 février 1868). De là Mlle Lamkin et un nommé Toussaint se rendirent chez leurs oncles respectifs à Louisville, Ky.

Vers le 13 février, Perlot et ses compagnons s'embarquèrent pour la Colombie : (Aspinwal ou Colon). De là par train à Panama, et par bateau à San Francisco. Le 16 mars 1868, le groupe arriva à Portland, où Perlot plaça ses compagnons, les uns dans une scierie, les autres dans différents emplois en ville.

Portland comptait 8.000 habitants vers le début 1869 et connaissait une grande prospérité. Les terrains (blocs) que notre Ardennais y possédait gagnaient en valeur. Cette prospérité et les prix des terrains augmentèrent encore durant l'hiver de 1870 lorsque les chercheurs d'or revinrent des placers avec beaucoup d'or et se fixèrent à Portland. Notre voyageur s'occupa de la vente de terrains et cessa le métier de jardinier. Trois des jeunes gens venus d'Herbeumont avec lui en 1868 reprirent ses affaires.

Il lotit ses blocs et les vendit à bon prix (le dernier en avril 1871), racheta et revendit encore des terrains en réalisant de substantiels bénéfices. C'est ainsi qu'il décida de rentrer en Belgique avec sa femme et ses deux filles dont la plus jeune n'avait que quelques mois.

Le 13 avril 1872, il quitta Portland pour San Francisco où il prit le chemin de fer transcontinental. Par les plaines de Californie, les gorges de la Nevada il arriva à Reno, Nevada où il rencontra un nommé Gillet de Rossart (dépendance d'Orgeo, non loin d'Herbeumont), intéressé dans des mines situées dans les Montagnes Humboldt, Nevada. Le train contourna le Lac Salé, traversa les Montagnes Rocheuses (Aspen, Colorado, point culminant de la ligne), vers Denver, Col. Quel contraste entre les steppes du Kansas et les campagnes aux environs de Kansas City qui étaient bien peuplées et comptaient des villes opulentes ! C'était la partie orientale des E.-U. Repos de 10 jours à Saint-Louis, Mo.-Traversée du Mississipi en ferry (le pont était encore en construction). A travers l'Illinois, l'Indiana, l'Ohio, la Pennsylvanie, vers NewYork où ils s'embarquèrent (fin mai 1872) sur l'Alexandria à destination de Glasgow. Le 11 juin 1872, il était à Anvers et le 2 juillet à Herbeumont.

Le récit de Perlot est la seule relation que nous connaissions d'un Belge qui a été effectivement mineur ou chercheur d'or en Californie vers les années 1850. Cet excellent observateur nous apprend de nombreux détails sur la Californie à l'époque de la ruée vers l'or et nous fait connaître un certain nombre de Belges aux États-Unis dans les années 1850-1870. Outre ceux déjà mentionnés, citons un Thomas de Jemeppe (?) qui avait habité longtemps Vonêche. II le rencontra non loin de l'Agua Fria vers le confluent de celle-ci dans la Mariposa (octobre 1851). Fin 1851, arrivèrent à Mariposa 25 Belges, anciens membres d'une société formée à Liège pour l'exploitation des mines d'or de Californie, mais dissoute. Ces hommes étaient de la région de Liège, Huy et Verviers.


De la région d'Houffalize (Bellain, n'est-ce pas Bihain?) il y avait Thill et Burgrave. Un Colson de Verviers et un Macorse de Huy. Vers le mois de mars 1852, il rencontra au camp du Fresno Moret ou Morhet, ancien entrepreneur à Chaudfontaine. Celui-ci construisit une maison pour y tenir un café-restaurant. Vers la fin novembre 1852 Perlot se trouvait dans la région du Merced avec un autre Thomas (de Verviers) en route pour le Pelon. A Mariposa vers la fin avril 1853, il est question d'un Bégon de Liège, ancien sergent. Un Gillet déjà cité de Rossart (commune d'Orgeo), près de Neufchâteau se trouvait également en Californie.

A Portland, Oregon, fin 1858, il rencontra Ivon Voet de Knesselare qui était aux E.-U. depuis 1850. Ce menuisier et charpentier avait toujours habité dans les environs de Salem, Oregon; en 1858 il était à Brooklyn en face de Portland. Un Justin Demange qui était jardinier-laitier près de Mariposa en 1852, vint rendre visite à notre voyageur à Portland en 1858. Lors de son premier retour en Europe en octobre 1867, il rencontra à San Francisco un ami d'enfance Chénot de Conques (dépendance de Ste-Cécile) près d'Herbeumont (en Californie depuis 1848). Son frère avait été officier dans l'armée du Nord pendant la Guerre de Sécession, mais on était sans nouvelles de lui. Un Belge du nom de Namur était propriétaire d'un hôtel à San Francisco à la même époque.

Signalons enfin un prêtre flamand, l'abbé Faerens ou Fearens (1), doyen à Portland (vers 1867) et un De Conink, de Gand, auxiliaire laique des missions indiennes dans l'île de Vancouver vers 1869, puis copiste de Mgr Blanchet, évêque de Portland. Perlot plaça ce De Conink à San Francisco avant son retour définitif en Europe.

P. S. - Pour mieux comprendre cette biographie, il est bon de savoir que l'abbé Magin, curé d'Herbeumont à cette époque (1845), bien qu'ayant une dette de reconnaissance envers le père de Perlot, n'aimait pas notre Ardennais et lui joua plusieurs mauvais tours. Deux jours avant son départ d'Herbeumont, il lui donna un excellent certificat de bonne vie et moeurs, mais en même temps il écrivit à l'oncle de Perlot à Paris pour déblatérer son neveu. Il parvint plus tard à faire déshériter notre voyageur par ses oncles et par sa propre soeur et essaya même d'empêcher son mariage. Ces détails permettent de mieux saisir le récit de notre voyageur et sans doute l'histoire actuelle de la commune d'Herbeumont.